François Boucq ouvre le bal chez Éditions i, nouvel éditeur qui fait ses gammes. Avec son Portrait de la France, direction les profondes tranchées politiques de notre hexagone. Ce qui n’est pas rien car on touche le fond en dessins et en apnée pour une « bistrosophie » que Carmet aurait aimé, roi des brèves de comptoir.
Dans ce recueil qui reprend des dessins publiés le plus souvent dans des journaux, les huit chapitres sont animés par le sémillant Jérôme Moucherot. La France va mal, la médecine s’interroge. De la Lepénite aiguë aux inflammations douloureuses des dessous de la Mairie de Paris, des fièvres du procès du Carlton à l’augmentation du goût de la vie, on passe aux rigolos sans frontière, aux investisseurs d’outre-espace, à des corps qui n’en font qu’à leurs têtes, à un président et des présidentielles à encéphalogramme bidouillé ou plat. Le tout dans la joie, la bonne humeur et l’humour vitriolé. Il faut la regarder de près cette France en ces périodes incertaines, de scuds destructeurs et programmés. Du rire, il en faut, même jaune. Les temps sont durs. Galopades électorales, messies déclarés qui lévitent en transes, grandes gueules aux allures de Duce, passations de privilèges, le ridicule ne tue plus mais le danger est là.
Boucq a sévit dans un bel opus ravageur en noir et blanc et aquarelle. Avec Portrait de la France il secoue le cocotier du Landernau politique d’un extrême à l’autre, abruti par ses prétentions hautaines. Boucq a même trouvé le nombril du monde, un ballon rond, tout un programme là aussi. Plus que signer du dessin de presse, il dissèque un grand corps malade et le constat est alarmant. Exemple : près de deux tiers des députés ne pensent qu’à se représenter en mai prochain aux législatives. De quoi se poser quelques questions fondamentales sur l’avenir et une raison de plus de se délecter de ce Portrait de la France, grandeur nature peinture
Portrait de la France, Éditions i, collection Traits, 18 €
Super j’attends avec impatience…