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Clichés de Bosnie : François Ravard et Aurélien Ducoudray, la force et l’émotion du témoignage

Après s’être plongé dans les méandres des Mystères de la République chez Glénat sur le scénario de Philippe Richelle, le dessinateur François Ravard  s’est embarqué pour la Bosnie.

C’est le journal de route du journaliste Aurélien Ducoudray que François Ravard a mis en images y ajoutant des croquis qu’il a lui même fait plus tard en Bosnie. Ducoudray, sans vraiment la bénédiction du rédacteur en chef du quotidien régional dans lequel il travaille, part sur ses congés accompagner un convoi humanitaire vers la Bosnie. A la décharge de sa hiérarchie (et bien placé pour en parler) libérer un journaliste quinze jours sur son temps de travail n’est pas simple ni sans conséquence. Même si c’est effectivement regrettable pour l’objectivité et le devoir d’information. Sans parler par contre du choix très discutable de ramener le reportage à seulement deux petites pages photos dans le quotidien…

On est en 2004 et la Bosnie c’est une terre de souffrance qui manque de tout. On a oublié la Bosnie. Si le début du bouquin fait penser à un voyage touristique de babas en mal d’émotion, la réalité prend peu à peu le pas sur la part anecdotique et détendue des premières pages. On ne rit pas dans ce Clichés de Bosnie. Arlette, la chef du convoi, remet les pendules à l’heure. On a, et c’est tout le travail du journaliste, une mise en perspective de ce qu’a été la guerre en ex-Yougoslavie. On comprend, et ce n’est pas simple, les causes et les conséquences d’une mise à mort dans l’indifférence à peu près générale, le rôle pour le moins ambigu non seulement de la France mais de l’ONU, la porte laissée ouverte aux Serbes et à leurs tueurs, sans ignorer l’horreur totale d’un conflit en Europe dont les plaies, on le lit dans ces pages, ne sont pas fermées.

C’est un voyage de passion, de courage que Ravard a dessiné, changeant son trait, revenant à un dessin plus « croqué » que celui empreint de détails, « tardiesque », des Mystères de la République. La puissance monte dans les pages, les « héros » anonymes se sculptent, Ducoudray photographie et les larmes coulent, impossibles à retenir. Une émotion digne des plus grands « papiers » éclate dans ces Clichés dont certains figurent en fin d’albums. La BD reportage, on l’a déjà écrit, a ses lettres de noblesse. Aurélien Ducoudray et Ravard en ont ajouté une de plus, parmi les plus belles et les plus sincères. Un dernier mot : c’est tout à l’honneur de Futuropolis d’avoir édité cet ouvrage.

Clichés de Bosnie, Bosanska Slika, Futuropolis, 27 €

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