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Stella, auteur apprenti sorcier

Un roman dans un roman, un auteur dont le personnage envahit la vie, un pied de nez à la création artistique, avec Stella Cyril Bonin a signé une œuvre séduisante, pertinente et accrocheuse. C’est dans le ton et le déroulement des faits que Bonin, par son écriture et graphisme, étonne. On le suit sans peine, manipulateur cependant, sur les traces de Stella, jeune femme des années 50 propulsée dans le New York d’aujourd’hui. Mais qui est vraiment Stella ? D’où vient-elle et quel est ce puzzle dont Bonin livre peu à peu toutes les pièces au fil des pages. Il finira par une surprise en feu d’artifice. Un des albums les plus forts de ces sorties pré ou post confinement qui mérite une attention toute particulière pour ses qualités inédites, ses idées pertinentes sur la création et le talent de son auteur.

Taylor Davis écrit son nouveau roman sans grand enthousiasme. Stella est son héroïne. Elle a une vie de couple malmenée, pas heureuse dans les années 50, et elle décide que le mot fin doit s’inscrire sur la dernière page du roman car Taylor entretient avec elle un dialogue curieux par écriture interposée. Mais c’est pour mieux apparaître en chair et en os à Taylor qui, en prime, vient d’hériter d’une voisine de palier, Debbie, elle aussi romancière mais débutante. Stella va devenir la muse de Taylor qui va, en accord avec son éditeur, en écrire la nouvelle vie. Le roman devient un best-seller. Stella s’adapte à la vie actuelle mais le gouvernement s’intéresse à elle. Personnage imaginaire, elle est devenue libre de ses actes. Un spécialiste de la noosphère, théorie selon laquelle autour de la Terre il y a une enveloppe qui contient toutes les pensées et idées du monde, lui propose de l’aider. Mais quel rapport avec Stella ?

Que faire quand un personnage a décidé de vivre sa vie ? Mais quelle est la responsabilité de son créateur ? Un apprenti sorcier ? Qui dépend de l’autre et leurs sorts sont-ils liés ? Et puis Bonin parle de l’écriture. Pour qui écrit-on ? Pour des lecteurs ou parce qu’on ne sait rien faire d’autre ? Vaste programme qu’il met en scène et a su faire vivre jusqu’à la dernière page de Stella. Mystérieux Bonin et non moins étonnante Stella dans ce roman graphique qui interroge sans pour autant compliquer à outrance la réflexion.

Stella, Vents d’Ouest, 18 €

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