Il est en fait le reflet humain d’une génération qui ne sait plus vraiment où elle habite. De l’amour et du hasard est le parcours semé d’embuches d’un type qui court plus ou moins vers le bonheur, le succès et doute en permanence. Il y met quand même de la bonne volonté sous la plume, le crayon de son créateur Manu Boisteau. Il fait un état des lieux contraint et forcé d’une époque, la nôtre, qui n’est pas sauf erreur la meilleure dans le genre romantique. Humour qui grince mais l’espoir est encore là. Marivaux n’est pas loin avec Le jeu de l’amour et du hasard. A relire si ce n’est que pour le plaisir des belles lettres.

Dans un musée il craque face à tout ces gens accros à leurs portables alors qu’ils sont entourés de chefs d’œuvre. Même lui il a des messages douteux. Qu’est ce qu’elle lui veut la relou Princess93 ? Réveil le matin avec la revue des mail, des notes des journaux, le banal du quotidien inutile? Il a un autre soucis. Il est romancier et patine sur son second roman. C’est un solitaire qui se sent surbooké, a un copain à qui il se confie, une éditrice Célimène, ex-flirt mai qui a publié son premier livre qui n’a pas vraiment rencontré son public. Question d’itinéraire. Il se souvient avec son ami comment ils ont jeunes, à 8 ans, découverts les filles et là tout a basculé. Le bouquin va voir le jour et il est sûr que l’amour le guette. Sauf que rien n’est évident dans ce qu’il vit, même pas la fête des voisins qu’il déteste. Reste son éditrice qui lui reproche de faire un nouveau livre qui pompe le premier. Chagrin et un psy qui lui en veut.

Le mystère dans le couple, digressions diverses écrites qui s’intercalent entre les planches, copine, rupture mais des surprises quand même, il aime l’amour mais pas les gens. On philosophe sur le sens de la vie, on est dans parfois un vrai comique de situation qui va mixer fantasmes, rêve et réalité. On pourrait presque le plaindre mais en creusant bien c’est beaucoup de nous qu’il nous livre. En toute liberté et une autofiction de l’auteur bien assumée sur 200 pages quand même.

De l’amour et du hasard, Casterman, 26 €