Quand sort un roman graphique signé par Catel et José-Louis Bocquet, on est sûr de deux choses. Le sujet, l’héroïne est d’exception, pas obligatoirement un personnage archi-connu de tous mais au minimum qui mérite largement de l’être par un plus grand nombre. Ensuite, on sait que l’ouvrage sera graphiquement parfait, scénaristiquement accompli, à la limite de la précision chirurgicale avec un découpage très clair. Après Kiki de Montparnasse ou Joséphine Baker, ils consacrent 400 pages à Alice Guy, première femme réalisatrice de cinéma. Autour d’elle, Gaumont, les Lumière, Méliès, Eiffel, Chaplin, Keaton et bien d’autres, pour une femme qui sera une pionnière, avant-gardiste et gestionnaire bourrée d’idées.
On ira au Chili avec Alice et sa famille de libraires. Un voyage sans fin à une époque où le bateau est roi et un pays où la petite fille sera heureuse avant d’aller en pension en Europe. Faillite direction Bordeaux, Paris et la mort de son frère, Alice aime la comédie mais pas question qu’elle soit une actrice, honte des Guy. Elle devient sténo, intelligente, fine, a du caractère. Elle entre à la société Richard engagé par un certain Gaumont. La photo balbutie et tente la jeune femme mais l’animation des images pointe le bout de son nez. Les appareils se multiplient pour visionner quand arrivent chez Gaumont les frères Lumière. Alice sera une des premières à découvrir ce qui bientôt s’appellera le cinéma. Alors autant en faire, être de la fête et produire des films.
Alice Guy aura du talent et celui aussi de bien sentir le sens du vent cinématographique. Elle tournera, produira des films et part aux USA où elle s’installe, devient riche avec sa propre maison de production. On retrouve dans cette bio l’épisode terrible de l’incendie du bazar de la Charité imputé à un projecteur de cinéma. Les Buttes-Chaumont, la cité Elgé, Louis Feuillade, la Provence avec Baroncelli pour tourner Mireille et une mise à mort de corrida, des westerns aux USA, Alice Guy aura un mariage qui lui coûtera très cher mais elle ne désarmera pas. Le tout, en détail c’est dans le bouquin de Catel et Bocquet, une vie qui se lit comme un roman. Elle sera oubliée mais Martin Scorcese la fera revivre. Son premier film a été la Fée aux choux qui a porté chance à une reine de l’image. Des fiches, un dossier, des notices biographiques complètent la vie d’Alice Guy en fin d’album.
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