C’est un album pour lequel on aimerait ne pas avoir à dire que c’est le dernier et pour cause de notre ami André Juillard. André nous a quitté et avoir entre les mains Signé Olrik, son Blake et Mortimer qu’il a pu achever malgré tout, est un vrai moment d’émotion, sincère et attristant. Voilà, on ne s’étend pas car je pense qu’il ne l’aurait pas souhaité. Par contre c’est son grand talent qui explose dans ce Blake, série dont il avait repris le dessin en alternance. Le trait d’André Juillard a toujours été pour moi lecteur ou journaliste un enchantement. J’avais acheté les droits de publication pour Midi Libre d’un album des Sept Vies de l’épervier. De ce jour j’avais suivi André Juillard, rencontré à maintes reprises, pour Plume aux vents, Lena avec le regretté Pierre Christin, Double 7, Mezek. Pour Signé Olrik c’est Yves Sente au scénario comme d’habitude qui va sortir du chapeau un mouvement anti-migrants en Cornouailles pointe ouest de la Grand Bretagne, paumée à l’économie au ralenti.
Olrik va-t-il finir au bout d’une corde ? Pas impossible mais le très méchant adversaire de Blake et Mortimer en prison va rencontrer comme partenaires de cellule deux hommes bizarres. Soudain un avion Lysander noir (André Juillard dessinait très bien les avions) lâche des tracts au dessus de la ville. Blake par la fenêtre de son bureau en attrape un. Il est signé par un groupe de libération de la Cornouailles qui veut qu’on les deux hommes en prison avec Mortimer, deux militants du Free Cornwall Group et que le gouvernement arrête l’immigration. Avertissement, si le prince héritier vient en Cornouailles sa vie sera en danger. Les deux terroristes arrive aussi à récupérer un tract et explique à Olrik ce qu’il en est mais se méfie de lui. Au même moment Mortimer présente son modèle révolutionnaire d’excavatrice de poche, la Taupe qui a bénéficié de la technique de l’Espadon. A Scotland Yard, Blake s’inquiète des menaces du Free Cornwall Group que personne ne connait. La Cornouailles est un territoire difficile. Blake a dix jours pour résoudre le problème avant que le prince y aille. Blake et Mortimer se rencontrent car la Taupe sera aussi testée en Cornouailles. En prison les deux membres du groupe savent que le grand druide ne les laissera pas tomber ce qui n’échappe pas à Olrik. En Cornouailles on s’inquiète car il y a le site mythique d’Avalon avec Arthur à la clé. Sur la route immergée qui relie l’île de Corineus à la terre un camion s’arrête et des plongeurs s’affairent.
A suivre évidemment mais sans surprises. Encore une fois tout tient dans le dessin d’André Juillard (pas possible d’être plus british que lui, un trait d’une rare élégance) qui fait vivre un scénario tirebouchonné. Une caisse mystérieuse, des inscriptions, le grand maître qu’on ne voit pas évidemment, un trésor, Olrik à la manœuvre clé de l’affaire un peu malgré lui, des migrants pakistanais en Cornouailles, la Taupe, Sente joue sur tous le tableaux avec la volonté de coller en partie avec l’actualité, l’immigration en Grande Bretagne, ramenée aux années 50. L’Histoire au rendez-vous même confidentielle et dans le cas des Cornouailles anti-migrants dont on ne trouve pas de traces. Reste le tout, l’album et là on prend car après tout il faut savoir ne pas gâcher son plaisir car il y a André Juillard.
Les Aventures de Blake et Mortimer, Tome 30, Signé Olrik, Éditions Dargaud Blake et Mortimer, 17 €
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