L’œuvre de Jacobs est à plus d’un titre la plus mythique du 9e art. Non pas qu’il l’ait voulu, souhaité mais ses albums, son dessin, ses scénarios dans leur ensemble sont restés inégalés, atypiques et hors normes. Des références et surtout des albums que l’on lit, relit, redécouvre, abasourdi par la richesse inventive du talent de Jacobs. Qui n’a été bouleversé par La Marque Jaune, embarqué corps et âme dans Le Piège diabolique ou ébahi par le tortueux Mystère de la Grande Pyramide digne de l’exposition égyptienne qui s’est ouverte à Paris. Le Musée des Arts et Métiers, comme il l’avait fait pour Bilal, propose une exposition inédite dont Jacobs est le héros. Avec Scientifiction, Blake et Mortimer, on va plonger en apnée au cœur même de l’œuvre d’Edgar P. Jacobs et de ses héros. Présentée du 26 juin 2019 au 5 janvier 2020, cette rétrospective témoigne de la vision résolument contemporaine du patrimoine unique apporté par Jacobs au 9e art. A ne pas manquer, une expérience unique.
Les quatre éléments (feu, eau, air, terre), souvent déchaînés contre les deux héros, servent de prisme à l’exploration des collections du musée. Le sabre foudroyé rescapé des expériences de « commotions électriques » en vogue à la fin du XVIIIe siècle résonne avec les cataclysmes météorologiques qui sévissent dans S.O.S. Météores. Les câbles sous-marins qui assurent les premières liaisons télégraphiques transatlantiques n’ont rien à envier aux vestiges de la civilisation atlante découverts dans L’Énigme de l’Atlantide. Les modèles d’égouts parisiens et leur conception anthropomorphique trouvent toute leur place dans les méandres des sous-sols parisiens qui servent de décor dans L’Affaire du collier. Hasard ou coïncidence? Le modèle de moteur d’avion Turbo générateur de bord qui porte le nom d’Espadon rappelle étrangement l’arme révolutionnaire conçue par Mortimer dans Le Secret de l’Espadon. Il date de la même année que la parution de cette première aventure de Blake et Mortimer.
C’est en effet dans le premier numéro de Tintin, paru en 1946, que les personnages du capitaine Francis Blake et du professeur Philip Mortimer voient le jour. Au fil des huit histoires imaginées par Edgar P. Jacobs pendant plus de vingt-cinq ans, le duo britannique affronte le terrible Olrik, l’ennemi juré, le mal absolu. Leurs aventures mettent en scène les inventions de leur époque, science et fiction se mêlant pour donner naissance à un « merveilleux scientifique », parfois visionnaire, confronté au péril annoncé de l’humanité.
Aujourd’hui encore, les personnages de Blake et Mortimer bénéficient d’une notoriété remarquable. La série compte parmi les plus populaires dans le monde francophone, grâce notamment aux auteurs prestigieux qui prolongent l’œuvre d’Edgar P. Jacobs. Cette année, François Schuiten lui dédie un album, Le Dernier Pharaon, un nouveau regard sur cette bande dessinée historique, à paraître aux éditions Blake et Mortimer en mai 2019. Le catalogue de l’exposition, publié chez le même éditeur, propose une analyse de l’œuvre d’Edgar P. Jacobs par différents auteurs de renom. Des visites guidées, des visites scénarisées Dans le repère d’Olrik avec des ateliers, des conférences, des rencontres et des dédicaces rythment la programmation autour de l’exposition, autant de temps forts pour les bédéphiles de tous âges.
Musée des Arts et Métiers, 60 rue Réaumur, Paris 3e
Du mardi au dimanche inclus de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21h30
Tarifs Billet couplé 9 € (permanent et temporaire) tarif réduit 6,50 €, moins de 18 ans 4 €
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