Comme chaque fin d’année, avec une rare ponctualité, le journaliste Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) livre son rapport sur la BD, chiffres à l’appui.
Dans un contexte économique et social complexe et morose, les différents acteurs du 9e art ralentissent un tant soit peu leur offre éditoriale : pour la première fois, depuis au moins 17 ans, la production d’albums de bande dessinée, qui reste pourtant encore très abondante et diversifiée, a diminué.
Arrivé à maturité depuis plusieurs années, le secteur livre du 9e art se concentre et trouve, quand même, un équilibre entre dynamisme et vigilance ou innovation et prudence : d’autant plus facilement qu’il s’appuie sur plusieurs locomotives traditionnelles qui sont de retour, Astérix en tête, avec près de trois millions d’exemplaires du dernier titre.
Tout en conservant une constante multiplicité des genres et des publics, l’offre de bande dessinée marque le pas : 5 159 livres de bande dessinée ont été publiés en 2013 (dont seulement 3 882 strictes nouveautés) – soit une diminution de 7,3 %.
La production et l’activité du secteur sont toujours dominées par 4 groupes de plus en plus puissants qui totalisent 43,7 % de la production — contre 44,9 % en 2012 —, alors que 332 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2013 (contre 326 l’an passé). Ce sont encore les 4 mêmes groupes, responsables de 43,7 % de la production, qui dominent le secteur :
L’Asie et les États-Unis – avec, respectivement, 1 555 et 461 nouveaux titres – sont toujours les principaux pourvoyeurs du marché de la BD francophone : l’un des plus ouverts aux productions étrangères avec 2 257 nouvelles bandes dessinées traduites.
Relativement porteur et qualitatif, le secteur patrimonial accueille encore 880 nouvelles éditions ou intégrales : 189 de moins que l’an passé, alors que 189 titres datant de plus de 20 ans sont proposés en album pour la première fois.
Comme le reste du secteur presse en kiosque, celui de la bande dessinée subit de plein fouet la concurrence des nouvelles technologies, malgré la diffusion, en 2013, de 76 revues spécialisées et de 14 séries de fascicules.
Le passage à la bande dessinée digitale reste toujours marginal, malgré de nombreuses initiatives d’auteurs, de diffuseurs ou d’éditeurs.
Selon des critères mis en place depuis 11 ans, 1492 auteurs réussiraient à vivre de la création de bandes dessinées sur le territoire francophone européen ; par ailleurs, 1678 personnes ont publié au moins un album en 2013.
Si les œuvres réalisées à l’origine pour d’autres médias alimentent régulièrement les nouveautés du 9e art, à l’inverse, 10 bandes dessinées francophones ont donné lieu à des longs métrages diffusés au cinéma.
L’existence de 13 revues papier et 32 sites spécialisés, en 2013, prouve l’intérêt insatiable du lectorat envers l’information, l’histoire et la critique de bande dessinée.
Il y a de plus en plus d’événements organisés autour de la BD sur le territoire francophone européen : 514 en 2013 (contre 489 l’an passé).
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