Un voyage dans un temps pas si lointain où la mémoire artificielle est une denrée rare qui demande des sacrifices. Les robots sont aussi de la fête mais plus pour le meilleur que le pire. Ugo Bienvenu a fait très fort. On est à fond dans son Préférence système. Peu à peu pris par un scénario d’une réelle crédibilité, on sent l’angoisse envahir tous les recoins de nos neurones. Il a bien investit son sujet, Ugo Bienvenu, sans fioritures inutiles, du concret qui fait froid dans le dos sur un dessin très précis, inspiré et glacé si besoin pour mieux atteindre ses buts. Une réussite déstabilisante.
Yves, archiviste, enterre son père. On est en 2055, presque aujourd’hui. Mikki, le robot de la famille, porte le bébé du couple. Il grossit peu à peu. Yves doit défendre des dossiers qu’il faut effacer des bases de données pour gagner de la place. Trop de volume et pas assez de stockage virtuel. Mais on tue ainsi la mémoire collective et Yves n’est pas d’accord. Sujet du jour, le film 2001, l’odyssée de l’espace. Il faut trouver ce jour là 79 000 Gigas. Yves a une solution, risquée. Mikki pourrait bien être son coffre-fort mais Yves devient un hors-la-loi. Victor Hugo, lui, a été sauvé. Yves n’est pas seul. Un de ses amis sauvegarde les grands faits historiques eux-aussi dévastés. Comment pourront se construire les générations futures si elles n’ont pas accès au passé ?
Machiavélique cette histoire. Quel avenir pour Yves, sa femme, mais aussi le bébé ? Comment Mikki le robot va réagir ? Et l’enfant ensuite ? Il ne faut pas trop en dire car ces 168 pages sont à découvrir absolument. La nature aura aussi son rôle à jouer, invincible. Et si on produisait trop ? Dans tous les domaines ? Une thèse en fait que développe Ugo Bienvenu, pour défendre l’humanité mais le sauveur ne sera pas celui que l’on croit. Un monde peut en chasser un autre.
Préférence système, Denoël Graphic, 28 €
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