La jungle, sans pitié, violente et méchante, l’entreprise, celle qui vire avec le sourire, flatte pour mieux asservir, c’est le cadre de vie (et de mort) de Michel, courtier en assurances vie. Un comble. La Bureautique des sentiments est un joli et noir pamphlet tout juste exagéré sur ces monstres qui nous emploient et considèrent que c’est une chance inespérée.
Il a la pression Michel. Il travaille pour Martin et Martin Assurances, une boite paternaliste, dans laquelle il essaye de jouer le jeu et se faire accepter dans la grande famille des employés. Sauf qu’il a des ratés à l’allumage et qu’il se plante. On le prend pour un débile le Michel qui propose ses idées farfelus. Il croit avoir des amis, c’est faux. Il se bat seul contre lui et les autres. Un solitaire qui angoisse et dont les résultats ne sont pas bons. Il veut à tout prix intégrer le clan, devient punk, adepte de Death Metal, regard noir et meurtrier. Pas bon tout ça pour le moral.
Une charge qui en manque pas d’émotion car basée sur une certaine réalité entrepreneuriale. Jorge Bernstein a le trait, les mots, vifs, acérés, accentués qui choquent, marquent des points. Dérision, humour noir et désespoir, le dessin de Julien/CDM fait dans le réalisme imparable. On rit mais cela n’arrive pas qu’aux autres, parait-il.
La Bureautique des sentiments, Fluide Glacial, 15 €
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