Le Juge, La République assassinée Tome 3, épilogue mortel

Il a été le premier juge assassiné depuis la Libération. Le Juge Renaud, surnommé le Shériff, abattu le 3 juillet 1975 à Lyon, a vraisemblablement mis son nez d’enquêteur là où il ne fallait pas. D’où venait l’argent qui alimentait un certain parti politique et surtout quel était le degré d’impunité des truands qui alimentaient par leurs casses les comptes ? Olivier Berlion s’est attaqué à l’une des affaires criminelles les plus compliquées et sordides de la seconde moitié du siècle dernier qui n’a jamais vraiment livré tous ses secrets. Dans ce tome 3 du Juge, La République assassinée, on arrive à l’épilogue, à la trahison et à l’élimination d’un homme trop proche de la vérité et qui ira pourtant jusqu’au bout de son devoir.

Le Juge, La République assassinée En 1975, l’enquête sur la mort du juge Renaud piétine ce qui fait enrager ses fils mais n’émeut pas les plus hautes instances de la République. Un an plus tôt un autre magistrat lyonnais met les pieds dans le plat et espère que le hold-up de Strasbourg n’a pas servi à acheter des homes politiques. Et le SAC, service d’ordre gaulliste, apparait de plus en plus souvent dans des affaires sordides mais qui ne sont jamais jugées. Le juge Renaud est au cœur de cette instruction. Alors qu’il est en vacances la police lyonnaise intervient et sabote son enquête en précipitant les choses. En parallèle Renaud a des problèmes avec l’un de ses fils. Renaud progresse et les Lyonnais sont presque tous sous les verrous. Sauf le comptable et théoricien du gang. Les partis au pouvoir s’opposent et le sort du SAC est en jeu. Des menaces pèsent désormais sur Renaud.

En trois albums, Olivier Berlion a su tirer les fils d’une affaire d’état. La mort du juge Renaud sera une tempête qui verra six juges se succéder pendant dix-sept ans pour chercher la vérité sur son assassinat. Un non lieu en 1992. Berlion a signé une œuvre de fiction qui pourtant repose sur une réalité incontournable. On rapprochera de l’affaire Renaud l’affaire Boulin qui, elle-aussi, reste non élucidée et se prête à biens des interprétations. Berlion passe les faits au crible et s’appuie sur son dessin toujours aussi dense, brillant et vivant. Ses trois tomes du Juge sont certes de la BD mais aussi font œuvre de mémoire en rendant hommage à un magistrat qui a voulu aller jusqu’au bout de son honneur.

Le Juge, La République assassinée, Tome 3, Éditions Dargaud, 13,99 €

Le Juge, La République assassinée

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