Il vient de nous quitter. Benoît Sokal, père de Canardo, privé improbable clope au bec, canard désabusé, avait aussi écrit et dessiné une saga, Kraa, dans laquelle il avait pris pour héros un aigle que sauve un enfant dans le Grand Nord sauvage. L’aigle aidera à son tour son sauveur. Sokal était venu en 2010 à Montpellier participer à une rencontre avec ses lecteurs à la Fnac. Qu’on avait eu la chance d’animer. On en garde le souvenir d’un auteur discret, simple, souriant et disponible qui va manquer dans le monde de la BD, à ses lecteurs mais aussi aux passionnés de jeu vidéo dont il avait un été un grand concepteur chez Microids. J-L. TRUC
L’Aigle et l’enfant
Une saga, un voyage entre mythe et réalité, Benoît Sokal qui sera à Montpellier à la Fnac (le 6 octobre 2010), a donné vie à un couple que n’aurait pas renié Kipling ou London. Dans Kraa, la vallée perdue, ses héros sont un aigle et un jeune indien qui vont s’unir par amitié pour assouvir une vengeance. Yuma, dont toute la famille est massacrée, sauvera le jeune aigle blessé. A son tour l’aigle sauvera l’enfant et, dans un Grand Nord sauvage, accompagnera Yuma dans sa chasse à l’homme. Le dessin de Sokal a une grande puissance évocatrice. Idem pour l’écriture aux thèmes mélangés à dessein.
Rencontre montpelliéraine
Il est le père de Canardo, un privé premier rôle d’une BD animalière au succès jamais démenti et devenue un classique. Benoît Sokal était à Montpellier, pour une rencontre dédicace à la Fnac. Sokal n’a pas quitté, avec son dernier album, le monde animal. Dans Kraa (Casterman), il propose le premier tome d’une aventure où un enfant et un aigle vont vivre une histoire d’amitié mais aussi de vengeance.
C’est dans le Grand Nord que va naître la saga de Kraa, une terre sauvage et rude où des tribus indiennes vivent en communauté avec la nature. Yuma est un jeune garçon qui sauvera Kraa, l’aigle géant grièvement blessé. Une amitié sans faille désormais les rassemble. Quand la famille de Yuma est massacrée par les hommes de main d’une société minière, Kraa, devenu un aigle à la force prodigieuse, suivra le jeune Indien et l’aidera à se venger des tueurs. Plus qu’une simple aventure sur fond de grands espaces, Kraa est un plaidoyer contre la bêtise humaine. L’aigle en est le symbole innocent.
Sokal est aussi un créateur de jeux vidéo. Il avait eu l’idée d’un programme dont le héros serait un oiseau. Son envie de se remettre à la BD en parallèle des aventures de Canardo l’a poussé à utiliser son héros sur papier et non pas sur écran. Kraa a donc vu le jour dans un Grand Nord que n’aurait pas renié Jack London. Une ruée vers l’or, une ville sans foi ni loi et les gêneurs, les Indiens, sacrifiés. Yuma va résister et, avec lui, l’aigle géant capable de l’enlever dans ses serres.
Le premier tome, La vallée perdue, met en scène le drame, élimine peu à peu les personnages secondaires. Le paradis du jeune Yuma se transforme en enfer. Sokal a donné un vrai souffle à son Kraa. L’action s’enchaîne. On sait que l’issue est sans appel. Le dessin de Sokal est superbe. Internet, jeux vidéo, Sokal a pu présenter avec beaucoup de gentillesse à ses lecteurs à la Fnac, sa façon d’appréhender le monde qui nous entoure. Kraa est pour lui un retour aux sources, celui de ses débuts. Il faudra attendre pour savoir comment son couple de héros, l’aigle et l’enfant, pourront tirer leur épingle d’un jeu qui les dépasse.
Kraa, 3 tomes, Casterman, 18 €
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