Pour toute une génération le combat Cassius Clay (Mohammed Ali) contre Georges Foreman reste un moment d’exception, le combat du siècle, un repère dans le monde de la boxe mais aussi dans celui des relations internationales, le jeu ambigu des puissances occidentales avec Mobutu, tyran meurtrier du Zaïre ex-Congo belge. Sans oublier le refus de Cassius Clay d’être incorporé dans l’armée direction le Vietnam ce qui lui vaudra pas mal d’ennuis et motivera sa volonté de reconquérir le titre dont il a été déchu. Reste que tout cela fait partie d’un passé méconnu ou ignoré par la plupart des lecteurs d’aujourd’hui. Thierry Bellefroid s’est lancé dans une aventure en forme de défi, un thriller sur fond historique, à décrypter parfois, mais sur un dessin très efficace de Barly Baruti qui retranscrit parfaitement l’ambiance zaïroise tendue comme un arc de l’époque Mobutu.
En 1974, Ernest, minable voyou de Harlem a fait une erreur de trop. Il gagne par miracle un billet pour le combat Mohammed Ali-Foreman qui aura lieu à Kinshasa, capitale d’un Zaïre où règne terreur politique et compromission. La guerre froide a fait du Zaïre un enjeu économique pour USA et URSS. Blanche essaye par tous les moyens de sauver la vie de son frère emprisonné par le régime et rêve d’Amérique. Mohammed Ali ne se prononce pas sur Mobutu qui l’a invité pour son combat contre Foreman. Commence alors un jeu trouble dont un autre enjeu est l’avenir de l’Angola tout proche et auquel Ernest est mêlé.
Thierry Bellefroid se sert du contexte boxe pour, avant tout, tracer un portrait saisissant de Mobutu qui, comme Amin Dada ou Bokassa, a régné en maître sur son pays jusqu’à sa mort. Il romance bien sûr l’action souterraine des services secrets. Un thriller qui demande parfois de ne pas se laisser perdre dans l’action.
Chaos debout à Kinshasa, Glénat, 22 €
Articles similaires