C’est le retour de Christophe Bec au dessin après quatre ans d’absence. Dans Les Tourbières noires dont il signe aussi le scénario, Bec adapte très librement une nouvelle de Maupassant. Direction de nos jours les monts d’Aubrac, aux confins de la Lozère et de l’Aveyron, pour un drame humain et familial qui ne se refuse pas une pincée de fantastique sous forme de questions visuelles auxquelles chaque lecteur pourra donner ses propres réponses. Jean-Laurent TRUC. Ce texte est aussi à paraître dans le mensuel ZOO de janvier.
Dans une vaste ferme perdue sur le plateau vit Baptiste, sa fille Mélodie et ses chiens, des « rouges » habitués à pister les loups. Quand un jeune photographe, Antoine, qui prépare un bouquin sur l’Aubrac arrive chez Baptiste, il n’est pas vraiment le bienvenu. La tension est à son comble malgré la jolie Mélodie de court vêtue.
« Je ne voulais pas que les choses soient trop claires. J’entretiens le doute. Cela dit ce n’est pas un récit fantastique », tient à préciser Bec. On a aussi droit à un petit clin d’œil à la Bête du Gévaudan qui a sévi dans le coin car Baptiste a des chiens traqueurs. « Pendant mes études j’avais participé à un collectif sur le sujet. »
Sur ces Tourbières noires il s’en est passé des choses. Baptiste a été l’acteur d’un drame passionnel, d’un meurtre sauvage par jalousie. Il n’a pas accepté d’avoir une femme nymphomane, la mère de Mélodie qui a, en plus, hérité de sa maladie. D’où barreaux aux fenêtre et SOS femme battue. De quoi perturber Antoine qui découvre au fil des heures l’étendue des dégâts dans la ferme délabrée. « On s’apercevra que Baptiste n’est pas juste un assassin. Il aime sa femme et sa fille. »
Tout est vraiment question d’interprétation dans le récit de Christophe Bec. On effleure toutefois le fantastique si ce n’est pas la représentation de la mort qui rode, par le désir de vengeance de sa victime, au moins dans l’esprit de Baptiste. Ensuite, allez savoir. Chris
tophe a comme son héros photographe parcouru l’Aubrac pour ses repérages. Il a travaillé de façon traditionnelle, sur grand format 50 par 60 cm. Crayonné, encrage, une « BD artisanale » comme il dit. « Je voulais de vrais originaux. » Il a travaillé avec Bertrand Demoulet qui a assuré la base manuelle des couleurs. Il y tenait. Scan ensuite et retouches sur tablette numérique.
On a souvent dit que le dessin de Christophe Bec était cinématographique. Les Tourbières noires ne dérogent pas. « L’œil est la caméra. On peut faire en dessin de larges panoramiques mais on utilise les armes de la BD. On multiplie les cadres, les cases, tout est dans la mise en page et l’ellipse ». Son album est carré tout en offrant au lecteur sa part de libre imagination. On est pris par l’ambiance, malmené, étonné, surpris. Christophe Bec attend avec impatience de savoir comment son retour au dessin sera reçu. Pas sûr qu’il recommence de suite. Pour l’heure c’est Bec le scénariste qui est à l’œuvre avec la suite de ses séries, d’Eternum à L’Aéropostale. Le tome 4, un Saint-Exupéry est prévu. Ensuite il travaille sur l’adaptation d’un roman qui date de 1910, Le Fulgur. Jules Verne rejoint Sanctuaire et Carthago. Dejan Menadou est au dessin, parution chez Soleil.
Les Tourbières noires, Glénat, 56 pages couleur, 14,95 €
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