Un ouvrage qu’il ne faut pas lire qu’entre les lignes tout en essayant de garder une vraie objectivité de jugement ou de réaction. La Fabrique des Français c’est une démonstration étayée de Sébastien Vassant (l’excellent Juger Pétain) sur la notion même d’être français. Qui, comment, pourquoi, où ou d’où ? L’auteur a adapté des documentaires de Françoise Davisse et Carl Aderhold. On ne part finalement pas de très loin. 1870, une guerre perdue, ainsi que l’Alsace et la Lorraine ce qui ne sera pas neutre pour unir la nation en 1914. Dire déjà que la France est une nation récente, 1789, va faire bondir les Gaulois survivants. Reste qu’on est impressionné par ce que l’on apprend même si on en avait quand même quelques notions et sur l’évolution de ce que devient la France en ce XXIe siècle sous tension.
La France intègre qui ? Sous l’ancien régime la nation c’est le pouvoir de la noblesse et du clergé. La bourgeoisie philosophe et la nation englobe tous les citoyens. 1789, on continue, on passe et on se met à industrialiser, à laisser les Prussiens prendre Paris. Va falloir ensuite après une Commune sanglante qui n’avait aucune chance de réussir, refonder tout ça. La Nation on la structure, on fait des Français, on vénère les Gaulois, l’armée, Ferry et l’école gratuite, laïque. Mais les campagnes commencent à aller à la vile, les Auvergnats à ouvrir des brasseries. L’auteur parle d’invasion quand une petite aveyronnaise vient se faire embaucher à Montpellier ? Mais il y a aussi les Belges, les Italiens qui débarquent mais qui ne sont pas des inconnus non plus à Nice ou Lille. Ils restent et on pique la Tunisie aux « Ritals ». Des alliances militaires, en France il n’y a qu’une nation. 1886 le mot immigration rentre dans le Larousse, pas neutre. L’antisémitisme déjà et toujours là fait recette. Les colonies c’est une autre histoire. Mais on va vite avoir besoin de Français en nombre et peu importe d’où qu’ils viennent. 1914, des morts oublié et retour des colonisés chez eux. Idem en 1945. En 1920 la Pologne à son tour frappe à la porte. La crise de 29, l’extrême droite veut renvoyer les étrangers. Guerre d’Espagne et 500 000 réfugiés.
On s’arrête là car ce n’est finalement que le début. Et le futur va rebattre les cartes avec la décolonisation. Le travail est précis et ne peut laisser le lecteur indifférent. C’est à lui de porter le débat. Il est inévitable. Polémique ? Les témoignages, Ventura, Montand, Mouloudji, le rappel de l’origine de la baguette, Zitrone, le bébé Cadum roumain, tout est dans le même environnement. Constat sans conclusion, évidence ou pas, religion qui scinde (ce qui n’avait jamais été le cas sans oublier bien sûr l’antisémitisme viscéral), Sébastien Vassant décrypte mais surtout informe tout en donnant sa ligne. Il faut ensuite en tirer les leçons.
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