Un homme qui a su avec courage aller au bout de lui-même à maintes reprises, un homme auquel on ne peut que s’attacher et qui a aussi le talent rare d’un écrivain aventurier à la Kessel. Il fallait être Sylvain Tesson pour partir sur les traces des bagnards évadés des goulags depuis la Sibérie jusqu’à l’Inde, au Golfe du Bengale, se fier au livre À marche forcée de Sławomir Rawicz. Virgile Dureuil a su et ce n’était pas évident mettre en images, en bulles avec des textes dont on se nourrit avidement le récit de Tesson L’Axe du loup écrit en 2004 inspiré par Rawicz histoire de voir sur le terrain à pied si ce qu’il disait avoir fait était possible, bagnard pourchassé affabulateur ou pas. Un album qui prend aux tripes tout en apportant une belle vision romantique. Dureuil avait déjà adapté Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson.
Paris direction la Sibérie pour retrouver l’esprit de Rawicz le Polonais arrêté pendant la guerre par le NKVD et condamné à 20 ans de camp. Travaux forcés, le froid, la mort à court terme ou s’évader. C’est ce qu’il va faire dans la taïga avec une poignée de prisonniers dont un Américain. Ils croient arriver en quelques semaines sur les rives du Golfe du Bengale. 60 ans après Tesson va suivre leurs pas, à pied le plus souvent, des 50 kms par jour, à vélo aussi, à cheval et peu lui importe que l’épopée soit ou pas une fable. Des évadés comme le Polonais il y en a eu toujours pour suivre le loup qui marche instinctivement de l’Eurasie vers l’Himalaya. Tesson veut célébrer l’esprit d’évasion, départ à Iakoutsk, mais des recherches avant sur place. Et seul il débarque sur la rive de la Lena. Tout commence, à la fois terrifiant, solitaire et pourtant en toute liberté.
Il y a dans cet album une force incroyable, une volonté démesurée à la hauteur des modèles, des bagnards évadés. Tesson marche, fait des rencontres souvent avec des personnages hauts en couleur. Chaleur humaine et étonnement, témoignages, interrogations dans le désert de Gobi, le risque est partout, agression ou incendie, pas le droit à l’erreur. Tesson s’accroche, continue mais pas de yétis, huit mois et 5000 kms. Alors possible ou pas ? Tesson dit oui mais. Au lecteur d’aller voir dans ces 128 pages pourquoi. On n’est pas déçu.
L’Axe du loup, Casterman, 21 €
C’est fabuleux d’avoir entrepris ce parcours mais dans des conditions drfferentes du hero.
Là vous avez éveillé en moi ce desir de le decouvrir et de me le payer en même temps !