Intrigant, déstabilisant et au final on reste un brin abasourdi. D’Eau et de boue est un véritable ouvrage à la fois littéraire et graphique, un OVNI rare. Adam Smith est au scénario de cette incursion au plus profond d’une Amérique qui ne changera jamais, n’évoluera pas et continuera à déraper sur de pseudo valeurs dignes des pires asiles psychiatriques. Mais il ne faut pas trop en dire, au contraire. Il faut partir à la découverte du monde de Myers, de son bar clandestin dessiné avec un talent puissant, une implication sentimentale évidente par Matthew Fox. Un grand moment.
Un bar paumé tenu par Myers qui a perdu son père. Le Flatbed est clandestin, enfin pas pour tout le monde. En prime son père s’est suicidé et lui a des angoisses dures à gérer. Il connait tout le monde Myers et on y joue de la musique. Soirée pour le décès du paternel dans bar et des fantômes qui se croisent. Avec quelques mystiques comme la vieille institutrice. Il faut qu’il prenne l’air Myers car il commence à voir des renards. Mais son père lui parle de là où il est. Sauf qu’il n’y a plus d’alcool dans les réserves du bar et que pour en trouver c’est obligatoirement illégal. Sans compter qu’il faut changer d’état et que la police est pourrie. Il va falloir qu’il réagisse Myers surtout qu’une vieille connaissance réapparait mais peut-être pas pour son bien.
Tout repose sur l’écriture, sur la montée en puissance d’un drame très personnel dans un cadre où tous les personnages ont une clé, une importance vitale. On comprend bien que Myers est au bord du gouffre et on est touché par son désarroi. Faut dire qu’il y a quelques cas d’espèce dans le casting dont justement le patron de la secte qui rode. On y croit totalement à cet univers sombre, déglingué, terrifiant aussi qu’on est pris aux tripes par les ambiances d’un bleu sombre. La folie n’est pas loin. D’une rare brutalité et efficacité.
D’Eau et de boue, Robinson Éditions, 22 €
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