Florent Silloray avait signé un remarquable Capa et on l’avait rencontré à l’époque. A cette occasion Silloray avait évoqué la possibilité de traiter la vie d’un homme qui a été, certes le père de King Kong, mais aussi un pilote de chasse, espion, réalisateur, producteur, créateur de la Panam, Merian C. Cooper. Il l’a fait avec un talent évident. Cette fois c’est un choix qui est un défi mais aussi décrypte une aventure qui ne laisse pas un instant de répit au lecteur. Un Tournage en enfer, au cœur d’Apocalypse Now, film qui a marqué plus qu’une époque, devenu une référence aux plans cultes, aux acteurs prestigieux, dévoile que Coppola n’a pas fait dans la facilité mais qu’il a aussi porté à bout de bras son projet et qu’il aurait pu tout perdre. Qui a oublié le première fois où il a vu Apocalypse Now tourné tout juste deux ans après la chute de Saïgon, le Vietnam réunifié, la victoire de l’Oncle Ho ? On reste admiratif certes devant le film mais surtout devant la volonté intransigeante de Coppola, son génie, ses exigences, un budget qui va exploser, des caprices de stars, la démesure en tout. Mais quel film.
Sarah Ewans est une jeune attachée de production. Elle va être la voix off qui raconte l’épopée qu’a été le tournage d’Apocalypse Now adapté du roman de Conrad Au Cœur des ténèbres au bord du Mékong. Philippines 1977, Martin Sheen un des acteurs principaux du film fait un infarctus à 35 ans. Les conditions de tournage abominables en raison du climat en sont la cause. Coppola qui a mis en jeu tout ses biens doit minimiser l’accident où les studios vont boucler le film. Il avait déjà fallu trouver les acteurs. Refus de McQueen, Pacino, Nicholson, Coppola est horrifié. Harvey Keitel sera engagé mais mal à l’aise dans son rôle. Il faut rappeler l’agent de Sheen, Coppola rentre incognito à LA. Sheen revient et se rapproche de Duvall qui joue Killgore le patron des hélicos dont la charge reste unique. Mais justement ces hélicos pas question pour l’Army US de les prêter. Il va falloir pleurer auprès du dictateur philippin Marcos pour qu’il les loue à prix d’or. Les millions de dollars de frais s’accumulent. A l’époque Lucas pense à un Star Wars. Le tournage dès le début est pharaonique. Coppola n’arrive pas à écrire la fin du script.
Brando la légende, budget explosé, typhon qui détruit les décors, le jusqu’au boutisme de Coppola, Dennis Hopper, tout est démesure et c’est sûrement ça qui a fait de ce film un exemplaire unique aux images bouleversantes, à déchiffrer, interpréter et qui vous tiennent sous contrôle. Le jeu des couleurs, les ambiances sont inoubliables. Il va aussi y avoir la concurrence de Voyage au bout de l’enfer, la comédie cannoise avec une double Palme d’Or dont une pour Apocalypse Now que n’aimait pas Sagan. Rien n’a été simple mais le succès sera là. 150 000 000 de dollars de recette. Et un film à classer au sommet du 7e Art, après Le Parrain qu’il ne faut pas oublier.
Un Tournage en enfer, Au cœur d’Apocalypse Now, Casterman, 24 €
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