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Résidence autonomie, en rire ou en pleurer

Il y a des fois où on ne sait pas trop si il faut rire ou pleure, parler d’une BD qui vous flanque une baffe au cœur ou la mettre de côté, gêné peut-être par une réalité triste, vécue malheureusement. On aura mis du temps à se décider avec Résidence autonomie de Eric Salch, voyage aux portes de la prochaine et dernière étape avant le cimetière, l’Ehpad. Une résidence autonomie c’est un lieu où les personnages âgées qui ne peuvent plus vivre chez elles ont encore l’impression d’exister, dans leurs meubles et médicalisées sur place. Salch a mis en images le quotidien des ces femmes, hommes en résidence en se servant de ce que lui racontait son copain Marc qui y travaillait. Dur et implacable, une BD qui devrait aider à prendre conscience que nous considérons souvent la vieillesse avec mépris, qui met à l’aise parce qu’on sait que ce que l’on voit est la réalité.

Les voies de Pôle Emploi sont impénétrables. Le fait d’avoir bossé dans le social permet à Marc d’avoir un poste dans une résidence autonomie. Hamad va le briefer. 25 kilomètres par jour, blouse, masque, charriot à pousser et une chambre quand on a le temps de se reposer. Réfectoire et la vague des pensionnaires, cannes, déambulateurs, plateaux repas. Distribution des petits bonbons, les médocs, livraison en chambre et on crie, ils sont sourds. Madame Figuier est devant la télé. L’ancien curé a une chambre en foutoir. Madame Richet est énervé et a droit à son lexo cadeau. Chaque appartement a sa cuisine, sa salle de bain. Marc fait connaissance, apprend à donner les pilules à la cuillère, affronter les délires ou le problèmes de dépendances.

Alors rire gentiment ou pleurer ? Le trait d’Eric Salch n’arrange rien, tape fort dans la caricature, joue avec un côté freaks alors que tout ces gens sont nos parents, et nous un jour. Visions d’enfer, les médecins, les spécialistes, tutoiement interdit, la mort en invitée permanente, les familles le plus souvent aux abonnés absents, des relations parfois chaleureuses, on est triste cependant même si il y a de la bienveillance et de l’humour dans le récit. Reste que le vivre n’est pas exactement le raconter. En espérant y échapper car tout est là.

Résidence autonomie, Dargaud, 24 €

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