Olivia Ruiz en avait fait un best-seller de son roman. La Commode aux tiroirs de couleurs n’est pas une auto-biographie familiale de la chanteuse narbonnaise mais repose évidemment sur ses origines, sur cette immigration forcée, vitale, que les Espagnols républicains ont vécu, souffert en 1939 vers une France pas vraiment accueillante. On sait ce qu’ont été les camps de Rivesaltes, l’attitude terrifiante de Vichy face à ces Républicains dont certains ont été livrés aux Allemands, d’autres se sont battus dans les Français Libres et ont libéré Paris ou participé à la Résistance armée. Reste le roman sur fond de grande Histoire et son adaptation en BD par Véronique Grisseaux (Dieu n’habite pas La Havane) avec Winoc pour le story-board (Les Déracinés), les décors, et au dessin des personnages, encrages, couleurs Amélie Causse. Un tiroir à secrets qui va les révéler petit à petit permettant de faire revivre le souvenir des trois sœurs, Léonor, Rita et Carmen, de retrouver leurs racines.
Quand meurt sa grand-mère, elle hérite d’une commode et de son contenu, des lettres qui vont remonter le temps, revenir à l’enfance de cette aïeule qui part chez un oncle à Barcelone. La guerre d’Espagne a éclaté, il faut mettre les enfants à l’abri. Rita portait sa médaille de baptême. Avec ses parents la tranquillité va être de courte durée. Franco gagne du terrain. Les filles doivent aller en France, à Narbonne. Leurs parents restent pour se battre. C’est la Retirada, la marche dans la neige vers la France. 400 000 Espagnols passent le col, et sont placés dans les camps dont celui d’Argelès-sur-Mer. Rejetées, les trois filles sont placées par leur oncle devenu un notable dans une famille gitane ne leur laissant qu’une petite clé que ramasse Rita. Pour vivre elles vont devenir couturières. Carmen et Rita que le dimanche pour cause d’école. Léonor va se marier. Rita se coule dans le moule, chasse son accent, devient Joséphine Blanc pour s’intégrer. Adieu Rita.
Les chapitres sont à chaque fois un nouveau tiroir de la commode. L’amour y est souvent enfoui, la mort aussi, des drames et des joies avec une volonté extrême de vivre, survivre, s’adapter. Le travail graphique est très élaboré bien que le réalisme soit un peu aplani. L’histoire tient bien sûr parfaitement la route comme le roman. On est dans une chronique à la fois très familiale, humaine, et historique, dramatique, sentimentale. Indépendance, intégration, mémoire, racines, des générations qui savent ce que se battre et souffrir ont voulu dire pour un bonheur rare. Une lecture très prenante.
La Commode aux tiroirs de couleurs, JC Lattès – Grand Angle, 17,90 €
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