Une collection chez Glénat qui à la fois peut coller à l’actualité mais aussi revenir sur un passé plus ou moins récent car des Affaires d’État, il y en a eu et il y en aura en permanence. Trois thèmes la composent. Guerre Froide, Jihad et Extrême droite. Au scénario un spécialiste du genre, bien informé et qui maîtrise ces sujets, Philippe Richelle auquel on doit déjà Les Mystères de la République ou plus récemment Algérie, une guerre française. Des héros classiques dans des conditions d’exception, celles que l’on préfère officiellement passer aux profits et pertes à moins qu’elles n’éclatent au grand jour. On en est au tome 2 pour chaque série et Richelle, avec des dessinateurs différents enfonce le clou sur des faits réels dont il s’est librement inspiré.
Avec Guerre Froide on revient aux années 60 dans L’Ombre du KGB. Début pendant la guerre en France, la Milice qui torture les Résistants. Des jeunes qui parlent dont Fred. En 1959 à Paris à l’ambassade d’URSS on s’intéresse de près à Raissa qui aurait une liaison secrète et interdite. En 1963 à Vienne un certain Martinez est en détention préventive et alerte ses supérieurs. Mais qui est vraiment Martinez ? En réalité c’est Fred Ogier du SDEC qu’il faut exfiltrer et on lui envoie Marion alors qu’à Washington on s’interroge sur un cadavre sans tête. Ogier se demande si en interne il n’y a pas une taupe. On le dit de suite, il faut bien raccrocher les wagons car on est dans du psychologique avec peu d’action plus près de Le Carré que de Jean Bruce. Dessin de Régis Penet cadré sans plus.
Affaires d’État, Guerre Froide, Tome 2, L’Ombre du KGB, Glénat, 14,95 €
Pour Extrême Droite, Philippe Richelle est dans Eaux troubles au début des années 70, en Espagne où Franco se meurt. Quel sera l’avenir des barons du franquisme ? Il y a eu l’attentat mortel contre l’Amiral Carrero Blanco en 1974 mais la France se montrerait assez coopérative pour mettre la main sur les auteurs en collaboration avec la police espagnole. 1978 à Saint-Ouen une jeune femme, Monique, est suivie puis enlevée, tuée, son appartement fouillé. A Rouen on prévient le commissaire Pommard de l’identité d’une certaine Janice Aubin. Le cadavre de la femme est retrouvée. Pommard rencontre Janice qui était une amie de Francis Dupré théoricien du Parti National assassiné et qui écrivait un livre sulfureux. La police avance rapidement sur la mort de Monique. Pommard s’intéresse de près à Dupré et Bertini qui a un passé plus que trouble pendant l’occupation. Plus structuré cette virée à l’extrême, bien soutenue par le dessin de Pierre Wachs. Bonne progression narrative.
Affaires d’État, Extrême Droite, Tome 2, Eaux troubles, Glénat, 14,95 €
Troisième thème, Jihad et La Route de Damas. On se rapproche de nos jours. 1985, Morin de la DST est en prison en Iran alors qu’une firme française doit vendre des armes au pays. On va juger Morin pour un faux trafic de drogue. La DGSE est dans le coup et verrait bien une disparition définitive de Morin en accord avec les Iraniens. Mais Morin va bénéficier de l’aide d’anciens officiers du Shah. Direction la Syrie ou Morin se retrouve seul dans le désert. Ce qui agace la police politique du régime. Une équipe est envoyée en Syrie par la DGSE. Mais Morin en fait Mallet réussit à contacter le DST à Paris. Sauf qu’il y a un peu trop de monde sur le coup et que toutes les cartes sont biaisées. Va falloir qu’il ait de bons réflexes Mallet. Cette fois on dégage ferme et pas en touche avec cet épisode, le meilleur d’une série très efficace. La guerre entre services français est ouverte. Du solide avec Alfio Buscaglia au bon dessin et les dessous implacables de la politique avec une cohabitation en toile de fond.
Affaires d’État, Jihad, Tome 2, La Route de Damas, Glénat, 14,95 €
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