Adapté de la pièce d’Henrik Ibsen Un Ennemi du peuple par Javi Rey, on part sur les traces d’une magouille des plus classiques, un centre thermal œuvre de de deux frères, un méchant politicien et un gentil médecin, une eau polluée et un final où la morale ne sera pas sauve. Encore que. Un Don Quichotte qui se bat contre des moulins à vent, même si c’est en Norvège, il y a des liens. Reste qu’on se laisse certes embarqué par le récit mais qu’on peut-être désorienté par la connotation très idéologique vers laquelle le bon docteur dérape. Une leçon à tirer pourtant pour un politique, des mots simples et pas des idées fumeuses incompréhensibles pour le plus grand nombre.
La Baleine heureuse, un paradis thermal avec des touristes heureux, une population qui voit ses terrains prendre de la valeur, c’est le bonheur pour le très arriviste maire Peter Stockmann qui a bâti le projet sur une idée de son frère Thomas désormais médecin de l’établissement. L’île et les insulaires sont sous la coupe des touristes, ce qui ne satisfait pas les locaux. Enfin certains. Thomas lui attend des résultats d’analyse de l’eau. Sa femme, ses enfants se réjouissent de leur nouvelle vie et qu’il ait désormais un bon travail. Leur fille Petra est professeur à l’école et a des idées bien arrêtées pour aider ses élèves même si ce n’est pas dans les normes. Au journal La Voix du peuple on prépare un numéro spécial avec le maire et son frère sur le centre thermal. Hovstad, le patron est certes de gauche mais aussi opportuniste. Reste à venir le texte de Thomas qui a donc eu lui l’idée de la construction du site.
Des petites vies bien tranquilles qu’une vérité énorme va déranger, bousculer mais pourtant être repoussée, à moins que. L’intérêt général prime, la leçon de Un Ennemi du peuple est universelle. Javi Rey décortique le mécanisme en plus de 150 pages. Un citoyen bien tranquille qui veut aller au bout de son combat, un manipulateur prêt à tout et politicien de surcroit, on ne peut pas dire que cette histoire réconcilie avec justement la politique. L’opinion publique est versatile, accrochée à ses sous. La démocratie serait-elle une illusion ? Un album qui tombe à point nommé à quelques semaines de la présidentielle où tout est fait pour satisfaire avec démagogie un électorat auquel on veut faire oublier perte de pouvoir d’achat, inflation, Covid, morts au quotidien, pass sanitaire, quitte à ce qu’il prenne en pleine face, ensuite, une gifle qui ne gênera pas les nouveaux élus pour cinq ans. On y est, on y reste. Même si le discours de Thomas le médecin courageux est hermétique, il aura le cran d’y croire et de ne pas reculer. Un ouvrage de Javi Rey très actuel et un bel enchainement graphique après Un Maillot pour l’Algérie ou Violette Morris.
Un Ennemi du peuple, Aire Libre, Dupuis, 24 €
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