A la limite de l’exercice de style, poussé par la passion, la reconnaissance d’un génie hors normes, le Little Nemo de Frank Pé est plus qu’une synthèse. Un grand moment de liberté, onirique bien évidemment quand on parle de Winsor McCay. En revisitant ce chef d’œuvre, Frank Pé l’a en quelque sorte réinventé. Certains pourront crier à la trahison, à la manipulation. Erreur et bêtise tant leur force, le talent y est présent, la beauté aussi. On sait que ces planches ont été publiées aux éditions Toth sous forme de deux ouvrages de luxe nées d’un défi lancé par un galeriste à l’auteur. « Et si tu faisais tes propres pages de Little Nemo ? » Frank Pé a relevé le défi, s’est plongé corps et âme dans un univers qu’il allait à la fois adopter et recomposer, compléter. Son Little Nemo nous ressemble plus, a évolué dans le temps sans pour autant ne rien renier de ses origines mais il y a le coup de crayon de Pé, magistral, enchanté, enchanteur.
Un grand format où il faut bien que Nemo se réveille. Vive la fête avec Flip pour travailler dans un cirque mais où on ne doit pas faire rire. Rêvons un brin, parlons de changement climatique avec le gros ours blanc à lunettes mais évitons un petit-déjeuner à la graisse de phoque. Chaleur animale, dérapage éléphantesque incontrôlé, la vérité c’est l’amour. Sans tabac et il est temps de grandir.
On peut dévorer les images, savourer le dessin de Frank Pé, se plonger dans ses planches où Nemo est ce jeune garçon innocent, entouré par une nature, une faune exubérante, drôle, cocasse et imprévisible. Voilà, Nemo étonne, séduit, interpelle, casse les codes. Pé est allé encore plus loin avec délicatesse et tendresse. Son Nemo est un beau livre d’images qu’il va faire bon montrer, raconter aux petits tour en faisant rêver les grands. Dédoublement de personnalités, et si Frank Pé et McCay ne faisait qu’un ? Métempsycose ? Allons bon. On n’oublie pas un autre Frank Pé, celui de La Bête avec Zidrou. Encore du très bon.
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