Un deuxième album qui retrace l’histoire de la ville de Montpellier des guerres de religion à nos jours. C’est Dobbs au scénario qui non seulement connait bien Montpellier mais est héraultais. La rédaction des pages chroniques est de Béatrice Merdrignac que nous avions interviewée. Le dessin a rassemblé un dessinateur différent pour chaque épisode, Janolle, Peticlerc, Ghorbani, Hersent, Almodovar, Nhieu, Quemener, Balard et Partel. Montpellier est une ville phare, siège d’une des plus célèbres facultés de médecine, métropole qui a « explosé » après 1962 avec l’afflux de rapatriés d’Algérie pour atteindre un point culminant avec la gestion visionnaire de Georges Frêche qui voulait en faire un second Barcelone. Mais ça, pour un Montpelliérain de souche comme l’auteur de ces lignes c’est par contre une autre histoire.
En 1567, on se bat à Montpellier devenue une cité protestante. La cathédrale Saint-Pierre est canonnée. Mais on sauve quelques reliques et ouvrages sur la distillation et macération. La viticulture est en marche. Mais le catholicisme reprendra la main. Henri IV signe l’édit de Nantes. En 1622 Lunel a capitulé, Montpellier est assiégé par Louis XIII. Le reconquête catholique est en marche. Lapeyronie qui donnera de nous jours son nom à un hôpital est le premier chirurgien de Louis XV. Au siècle des Lumières Montpellier joue avec les airs du haut de la Tour de l’Observatoire. On construit l’aqueduc des Arceaux qui arrive au Peyrou, l’Arc de Triomphe. Cambacérès, Chaptal révolutionne l’art du vin. Au XIXe siècle la faculté de Médecine se renforce, les halles se construisent, marché du Haut ou Laissac. Montpellier devient aussi une capitale viticole et littéraire mais il y aura la crise de 1907. En 1912 le gouvernement français enverra au Cambodge le professeur Hermentaire Truc (célèbre arrière-grand-père), créateur de la chère d’ophtalmologie à Montpellier, opérer des yeux le roi du Cambodge pour éviter que ce pays ne quitte l’Indochine française.
Avec la grande guerre, les régiments du Midi partiront les premiers et le professeur Jeanbrau (non moins célèbre grand-oncle), mettra au point la transfusion sanguine qui sauvera des milliers de blessés. En 1940 à Montpellier sera en zone libre puis occupée, bombardée. Jean Moulin y séjournera et sa photo si connue prise au Peyrou. Les Trente Glorieuses verront peu à peu Montpellier changer. La cité de La Paillade est construite pour les rapatriées. Dès 1977, Frêche qui n’était pas montpelliérain y aura des ambitions et des réalisations qui se veulent grandioses, inégales. On construit à tour de grues, le Musée Fabre renait et bientôt mer et ville se rejoindront, tramway à l’appui.
Les Montpelliérains de souche diront nombreux qu’ils ne reconnaissent plus la ville. Et pour cause il sont devenus minoritaires et sont allés s’installer hors du centre ville. Il y a sûrement de la nostalgie, des Arceaux à la Place de la Comédie tout le monde se connaissait encore au milieu des années 60. On le sait à titre personnel dans une famille qui en un siècle a donné sept grands patrons chirurgiens à la Faculté de Médecine. Les temps changent. A titre personnel quarante ans de journalisme à Montpellier permettent de s’être fait une idée. Montpellier a une image surtout enviée par ceux qui n’y habitent pas, avec un centre ville qui a besoin d’un bon relooking que semble vouloir donner la nouvelle municipalité. L’ouvrage de Dobbs est clair, précis, documenté par Béatrice Merdrignac. Côté sentimental, chacun est libre d’avoir sa propre impression pour cette ville qui a changé d’âme.
Montpellier, Tome 2, Des guerres de religion à nos jours, Éditions Petit à Petit, 16,90 €
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