Brian Epstein est sans conteste à l’origine de ce que sont devenus les Beatles. Il a eu le génie de croire immédiatement en leur talent, en leur destin. Il est le Cinquième Beatles comme le nomme en titre de son album Vivek J. Tiwary paru chez Dargaud. Qui se souvient vraiment d’Epstein aujourd’hui à moins d’avoir fait partie, et encore, de la Beat génération ? Epstein méritait bien cet hommage qui, en prime, est d’une qualité, textes et graphisme, de très haut vol.
En 1961 Brian Epstein était disquaire à Liverpool. Il assiste à un concert d’un groupe à la Cavern, les Beatles. Epstein, de ce jour, ne doutera jamais qu’il a vu le plus grand groupe de l’histoire du rock. Il va convaincre les futurs quatre garçons dans le vent qu’ils sont des dieux. Ce ne sera pas simple mais Epstein a la puissance de sa foi et de l’argent. Le début des années soixante, titre après titre, verra l’envolée des Beatles, de Hambourg aux USA. Epstein les façonne, les habille, les envoûte presque et les Beatles croient en lui. Pas de dérapage pour John, Paul, Ringo et George. Epstein réussit à les faire passer dans le Ed Sullivan Show, lance la marque Beatles. 1963, la mort de Kennedy et quelques mois plus tard les Beatles qui ont joué devant la reine d’Angleterre partent à la conquête de l’Amérique. La suite est simple : en 2013 les Beatles sont toujours des géants.
Brian Epstein était homosexuel à une époque où la loi était répressive. Epstein était juif et le vivait mal. Epstein était névrosé. Mais Epstein était un visionnaire, un homme qui a créé une légende. Sans lui les Beatles n’auraient peut-être pas été autre chose qu’un petit groupe de province. Il était le manager, la nounou, le psychiatre, le gourou, le conseiller. Il meurt à 33 ans, à bout de force, usé par les médicaments. On est en 1967. Deux ans après les Beatles se séparent. Avec des si on peut tout croire, mais si Brian Epstein n’était pas mort, les Beatles ne se seraient peut-être pas sabordés tant il était aimé par eux. Lennon a dit quand Epstein est décédé « on est cuits ». Il avait raison. C’est avec Epstein que les Beatles ont atteint le summum de leur génie musical.
Tiwary est fidèle à la vie d’Epstein qu’il connaît par cœur. Il a légèrement romancé quelques anecdotes. Il n’a pas écrit une biographie mais, il le dit, l’histoire poétique d’un homme ambitieux, courageux, qui voulait se faire accepter, un homme qui a rêvé sa vie. Le format, le découpage et le dessin de Andrew C. Robinson aidé de Kyle Baker forment un écrin somptueux à cet album épatant.
Le Cinquième Beatles, l’histoire de Brian Epstein, Dargaud, 19,99 €
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