Un drame très nordique aux accents shakespeariens, dans L’Exilé de Erik Kriek le retour au pays de Hallstein ne va pas être de tout repos car il est attendu au tournant. On est au Xe siècle en Islande. Autant dire que les traditions, les lois des clans sont à la hauteur du climat, rigoureuses et sans pitié. Une vengeance qui rejoint une course au pouvoir, le Viking va être l’empêcheur de tourner en rond qu’il faut éliminer mais il a de la ressource le guerrier oublié. Kirk, auteur hollandais, apporte toute l’authenticité nécessaire (parfois complexe) à ce pavé dont l’action rebondit sans cesse sur un trait très porteur et profond.
Des coupeurs de bois braconniers, c’est sur les terres de Solveig que convoite Einar, le frère de Hrafn qu’a tué Hallstein. Mais elle n’est pas pressée de se remarier alors qu’elle ne peut compter que sur la protection du vieux Cormac et du jeune Ottar son fils. Cormak part chercher de l’aide à la cour du père de Solveig alors que sur la plage débarque Hallstein, de retour, accompagné de Ukko et de Bljarki Crâne Chauve, des guerriers aguerris. Hallstein est parti après le meurtre de son meilleur ami, Hrafn. Solveig est la veuve de son père. L’Althing, le conseil, a banni Hallstein autrefois. Quand il se présente chez Solveig, il apprend le décès de son père tandis que Cormac revient accompagné par les frères de Solveig, Toste et Toke qui sont en réalité à la solde de Einar. Le drame peut commencer car l’Althing pourrait bien redonner ses droits sur les terres de son père à Hallstein.
Une intrigue à la fois simple, retour du méchant mais pas vraiment, et compliquée bien sûr par les enchevêtrements familiaux, les enjeux, les traitrises, les rebondissements et finalement la détermination du héros à la Hamlet qui trouble le jeu. Il y a en plus de l’histoire très maitrisée par Kriek, son dessin bien tournée, efficace, prenant, au trait très construit. Les héros sont fatigués mais la relève est prête. Un roman graphique qui se laisse facilement suivre avec ses relances et ses bases historiques qu’un glossaire, en fin d’album, éclaire parfaitement. Un drame sombre sur des teintes en noir et blanc que parfois le rouge vient relever pour mieux marquer la fureur de l’action.
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