On n’en est plus à un mystère près avec cet excellent Shakespeare. C’est ce que s’est dit Jean Harambat, rencontré il y a déjà quelque temps, dont on avait aimé Le Detection Club et le cultissime Opération Copperhead. Il nous revient avec une belle actrice rousse qui va tout faire pour retrouver La Pièce manquante, une œuvre inédite de William perdue dans la nature anglaise. On est en 1744 et les théâtres londoniens se tirent la bourre. Une pièce de Shakespeare toute vierge de scène et c’est le jackpot. Un joyeux voyage mené par une non moins souriante et futée Miss Woffington.
Presque face à face, le théâtre royal de Drury Lane et celui de Covent Garden où jambes moulées dans un pantalon Peg Woffington a le succès qu’elle mérite mais voudrait bien caracoler en tête de la scène londonienne. Il y a peu que les femmes sont sur scène. Peg a des soupirants dont Garrick comédien patron du Drury Lane et un maître d’hôtel Sancho, en souvenir de Don Quichotte. Il a vu le jour sur un navire esclavagiste et est devenu un amoureux des belles lettres grâce au duc de Montagu. Majordome désormais il accompagne Peg qui cherche une pièce à monter. Chez un libraire elle veut qu’on lui découvre un grand rôle qui sorte de l’ordinaire. Elle achète les œuvres intégrales de William car Sancho a une idée. Il y aurait une pièce adaptée de Don Quichotte par Shakespeare, un des livres favoris de Sancho. Titre, L’Histoire de Cardenio. Mais le texte a disparu. L’héroïne se nommait Dorotea. Peg décide de la retrouver pour la monter.
Des personnages pleins de vie, à la faconde très british, des escrocs, et des lettrés dépassés, un livre caché clé du mystère, on a une belle enquête à la fois joliment dessinée et très écrite, ce qui est bien le moins vu le sujet. Enlèvement, séduction, Dorotea subjugue Peg mais un cochon vorace va troubler la fête. Humour et aventures épiques, une double imposture ? Jean Harambat a un sens inné de la bonne histoire qui étonne et séduit sous couvert d’une bien curieuse association d’amatrices fortunées de Shakespeare que l’on surnommait le barde. Du feuilleton et pourtant Cardenio a bien existé.
La Pièce manquante, Dargaud, 21,50 €
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