C’est toujours un agréable moment que de découvrir qu’un nouveau Asaf Hanuka est sorti. Après Je suis toujours vivant avec Saviano ou Le Réaliste un Hanuka ça s’attend et on n’est jamais déçu. Cette fois, l’auteur israélien est en plein cœur du problème qui est la base même du conflit qui frappe son pays depuis sa création, l’histoire de la Palestine, la mixité. Le Juif Arabe donne à Hanuka de raconter à la fois le passé de sa famille, un des évènements tristes qui la marqueront à jamais et en parallèle l’affrontement permanent de deux peuples qui en fait n’en font qu’un. Hanuka alterne présent et passé en courtes séquences au grand pouvoir narratif.
Il ne sait pas grand-choses sur la famille de son père mais par contre il a toujours entendu parler d’un meurtre, celui de son arrière-grand-père par un jeune arabe qu’il avait élevé, adopté. A son retour de France où il a étudié en 2001 à Tel Aviv, il commence par hasard son enquête qui démarre en 1929 à Tibériade. Son arrière-grand-père Abraham avait une fille Léah. Il part pour Jaffa avec son camion et un jeune arabe Ben-Tsion. Ils prennent en stop un soldat de l’armée clandestine juive. Hanuka est donc rentré de France et espère trouver du travail dans la BD. Tout le monde pense à l’époque que Ben-Sion est le fils d’Abraham. Le père d’Hanuka a été opéré. A Jaffa des Arabes agressent Abraham mais Ben-Sion leur dit qu’il est arabe et ce qu’il doit à Abraham. Pour la première fois Asaf Hanuka voit une photo d’Abraham et du jeune arabe orphelin.
La progression est très soignée, le découpage claire et on comprend l’intérêt que Hanuka va trouver dans cette page familiale occultée. Sauf que il y aura des surprises. Par contre Hanuka trace aussi, on l’a dit, le passé d’Israël, comment on en est arrivé à ce conflit qui semble éternel et sans compromis possible. Neuf vignettes par page, noir et blanc pour Hanuka, couleur pour les souvenirs et la grande Histoire, Ben Gourion, les Assyriens, les pogroms russes, la migration juive. Asaf Hanuka livre sa propre vie, franchit des portes restées fermées. Son dessin est toujours aussi efficace et élégant, émouvant. Juifs arabes, arabes musulmans, il y aura les juifs européens en 1948. Les cartes sont rebattues.
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