C’est un des noms les plus mythiques de l’histoire de la médecine française. Ambroise Paré est le pionnier de la chirurgie, un des premiers maîtres de l’anatomie et bien sûr son nom est attaché au terrible accident de tournoi qui coûtera la vie au roi Henri II en 1559. Car les dates sont importantes. Le XVIe siècle est bien loin de nous pour parler de médecine pourtant déjà grâce à des hommes comme Paré sur la piste de ce qu’elle est aujourd’hui, certaines de ses trouvailles encore en pratique. C’est le professeur Jean-Noël Fabiani-Salmon (L’Incroyable histoire de la médecine) qui raconte Paré avec Pierre Boisserie au scénario, Vincent Wagner au dessin. Un homme de passion Paré, de conviction pour qui la médecine était le but d’un vie.

Pas évident de devenir médecin en 1533. On est compagnon barbier-chirurgie, on rase et on opère les furoncles. Des traités anciens dont ceux de Gui de Chauliac, il faut parler latin mais la pratique de la dissection anatomique est rare. On ne l’apprend pas que dans les livres. On fait des saignées et déjà Paré excelle, le geste sûr. Sauf que la latin il ne le parle pas et que pour avoir son diplôme c’est indispensable pour devenir chirurgien de robe. Qu’est ce qu’un chirurgien ? Un mélange curieux donc entre médecins et barbiers, robes courtes non diplômés et longues à hermine qui bloquaient les arrivées. L’Hôtel Dieu sera le lieu des débuts de Paré où il va apprendre pour en 1537 partir à la guerre avec les troupes du duc de Montjeau. Et quoi de mieux que la guerre pour pratiquer la chirurgie, la faire évoluer ? De 1914 à 1940 où le Vietnam ce sera encore le cas bien plus tard. Paré réussit quelques exploits sur des personnalités militaires, trouvent de nouveaux traitements, en réfute d’autres ce qui déplaira à la Faculté et aux chirurgiens royaux. Les armes à feu obligeront à s’adapter.

Rien n’arrêtera Paré dont le talent lui évitera d’être mis à l’index sans oublier la reconnaissance de ses patients. Paré invente, révolutionne la médecine, ligature les artères, adoucit la pratique, attaque la douleur. Il sauvera le futur duc de Guise, sera marqué par la Réforme, aura comme concurrent direct l’italien Vésale au chevet d’Henri II. Le parcours de Paré est à la fois une histoire de médecine, de la médecine, de foi et de génie. Ses dessins anatomiques, pour les avoir vus jeune dans un recueil datant de 1600 original et familial sont remarquables de justesse et d’observation. Il sera aux côtés de François Ier, comprendra mieux que personne comment il faut accoucher les femmes. Il invente des instruments chirurgicaux. Un album qui se lit comme un roman, qui lui rend hommage de belle façon et le fera mieux connaître à ceux aussi qui dans les blocs se servent toujours de ses techniques.

Ambroise Paré, Le père de la chirurgie, Les Arènes BD, 22 €