Méconnu, ignoré plus ou moins volontairement pour des raisons aussi bien politiques que religieuses, le génocide arménien n’a été reconnu comme tel que très lentement et pas par tous les pays. L’Empire Ottoman de 1915 à 1923 a massacré, déportés au minimum 1,2 million d’Arméniens sur le territoire de ce qui est l’actuelle Turquie. C’est le parti au pouvoir à l’époque, le CUIP surnommé les Jeunes Turcs qui l’a ordonné, planifié. Dans le Document BD très précis que consacre au scénario Gorune Aprikian, documenté par Jean Blaise Djian et dessiné d’un trait émouvant par Kyungeun Park, on comprend combien ce massacre en règle avait des bases hégémoniques, racistes aussi et la fin d’un Empire aux abois. et une volonté d’autonomie des Arméniens. Des massacres nombreux d’Arméniens avaient déjà marqué la fin du XIXe siècle.
Pour bien comprendre il faut toujours revenir aux origines. Celle des Arméniens est complexe, ballotée par des influences diverses. L’Arménie sera le premier état chrétien dans le monde mais rapidement indépendante face à Rome ce qui lui voudra un isolement dangereux. Tout commencera en 1914, au moment où la guerre va frapper à la porte de l’Empire Ottoman. Dans un petit village la coexistence entre musulmans et chrétiens arméniens est facile. Mikael, dont le meilleur copain est Ali, et sa famille vont être rattrapés parles évènements. L’Empire s’engage dans la guerre aux côtés de l’Allemagne et les hommes seulement arméniens sont enrôlés de force. Sous prétexte de creuser des routes ils sont abattus. Mikael et sa mère apprenant que son mari a été tué. Les Arméniens du village partent se cacher dans les grottes mais Mikael et sa mère restent car le maire, un musulman, prend fait et cause pour eux. C’est malgré tout le début d’une longue tragédie.
On comprend que tout va mal tourner mais que l’espoir peut encore survivre à l’horreur. Ce Document Bd très bien fait, complet, bien illustré par documents, photos laisse une part au romanesque. Rafles, coup d’état, volonté de créer une sorte de race parfaite en éliminant les plus faibles, on n’est pas loin de ce que prônera le nazisme qui avait pris pour modèle le génocide arménien. Le mot génocide sera employé à Nuremberg. L’Arménie aurait dû avoir un état indépendant en 1920 par traité mais jamais ratifié. Le pays sera englobé dans la république transcaucasienne de l’URSS et en 1936 retrouve son nom pour enfin être indépendant en 1991. Pendant le génocide les démocraties ont été aux abonnés absents malgré quelques actions des troupes françaises ou alliés dans les Dardanelles. Il y eut aussi une résistance arménienne mais sans soutien véritable. Ce Docu BD replace ce génocide dans son contexte, lui donne une mémoire et rend hommage à un peuple victime de la barbarie et dont les coupables sont restés impunis.
Histoire du génocide des Arméniens, Petit à Petit, 19,90 €
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