Un tableau sans concession, à la fois comique et tragique, celui des stages en entreprise, les premiers pas des jeunes futurs salariés confrontés à des réalités qui bientôt pourraient être leur quotidien. Rapport de stage de Jorge Bernstein (Les Complotistes) et David De Thuin (Le Corps à l’ombre) au dessin est une avalanche de gags qui emporte toute logique sur son passage. Vive la suffisance, la bêtise, l’absence de convivialité, un monde où l’absurde se bat contre des rites, des clans. Un stage c’est comment apprendre à survivre et des maîtres il y en a dans les entreprises, en nombre, des casseurs d’illusions.
Elle a de la chance Claire, elle est stagiaire à la SOTIPEC. On l’a collée à un vrai bourreau de travail à lunettes qui assume sa flemme, ses faux mails, ses mensonges. Elle est pour tout apprendre sur la vie d’une grande boite mais désormais les relations entre femmes et hommes sont soumises à des rites. On l’appelle Bernard son tuteur, prénom de celui qu’il remplace depuis deux ans. Faut du temps au temps pour s’habituer à un nouveau. Claire a un Bac plus 5. Elle comprend vite qu’on la balade mais joue le jeu. Machine à café, fausse idée de l’entreprise grande famille, frustration, on brasse du vent mais on a une photocopieuse de choc, des séances de relaxation.
Us et coutumes de la tribu, pistes sans fin, des fous et des hommes, des femmes. Manque plus que les sacrifices et absorption régulière de Lexomil. Concours de stagiaires, épreuves improbables mais yoga pour la détente, Rapport de stage est drôlement affligeant. Formation pour futur formatés, on en rit jaune car on a des cochons d’Inde qui pédalent dans le vide en se croyant indispensables. Un humour qui fait peur car authentique. On ne saura jamais ce qu’est la SOTIPEC. Une caricature bien réelle.
Rapport de stage, Fluide Glacial, 12,90 €
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