Difficile de parler de bonheur, de rapports joyeux, de sérénité familiale quand on se plonge dans Le Lait paternel. Cette autobiographie partielle de Uli Oesterle n’engendre pas la joie de vivre mais un réel malaise tout en étant bouleversante. On n’en est qu’au tome 1, ce qui sous-entend que la suite devrait ne pas être non plus un bouquet de roses. Reste que le dessin, la narration, l’alternance des séquences font de la double vie du père et du fils soudée entre autres par un lien liquide, un voyage étrange mais prenant, émouvant et agaçant, d’un réalisme cru imparable.
Victor à Munich en 2005 vient voir son père qui vient de décéder. Rufus Himmelstoss est mort et a tout d’un vieil hippy sur le retour. Rufus a toujours méprisé et renié sa famille dans les années 70 avec en prime un accident de la circulation en 1975 qui sera la cause de sa disparition. Un fantôme pour son fils Victor jusqu’à cette dernière rencontre mortuaire. Et pourtant il cassait la baraque Rufus en 1970 dans sa Type E, commercial en auvents, dragueur émérite, amant multiple de ses clientes mais flambeur avec dettes à l’appui. Rufus est pris au piège, les impôts sur le dos, une épouse qui découvre la vérité et un fils jeune qui ne jure que par lui. Dans la panade Rufus, jusqu’au coup et bientôt viré.
Le père et le fils, un duo qui vit l’un par l’autre, qui s’est transmis des gènes les pires qui soient. Le fils est illustrateur, le père faisait la bringue. Les deux boivent comme des trous. La descente aux enfers pour Rufus qui finit clochard mais après c’est une autre histoire. Uli Oesterle est dans le ton du cinéma allemand des années 70, dur, froid, violent, sans remord avec une pointe de suspense. Victor marche-t-il sur les traces de son père, un abime sans fond ? Alors à quoi peut se raccrocher Victor ? A sa volonté de faire de la BD d’où ce raccord avec la propre vie de l’auteur. Quatre albums sont prévus et on va les attendre avec impatience car Oesterle ne fait pas dans le facile mais a beaucoup de talent.
Le Lait paternel, Tome 1, Les errances de Rufus Himmelstoss, Dargaud, 19,99 €
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