Il restera à jamais un écrivain mythique pour deux raisons. Son talent est la première, son sens inné de l’écrit, du ressenti. Sa mort est la seconde. Il disparaît en pleine gloire et au moment où sa terre natale l’Algérie, sa muse, gagne son indépendance. Le portrait de Camus qui sort chez Soleil a un mérite énorme. Il redonne à l’homme sa place, ne nie pas bien sûr l’écrivain qu’il replace dans le contexte d’une vie difficile et tourmentée.
Camus reçoit le prix Nobel de Littérature en 1957. Un ami, un proche de Camus part de ce jour où il lit son discours à Stockholm pour revisiter ses origines. Il né pauvre en Algérie, ne l’oubliera jamais et ira vivre chez sa grand-mère, un tyran qui méprise l’éducation. Camus est brillant, soutenu par sa mère. Son père est tué en 14. Avec l’aide de ses professeurs, contre l’avis de sa grand-mère, il aura une bourse d’études et aurait pu être aussi un grand joueur de foot. On est encore dans l’Algérie coloniale de l’entre deux guerres. Camus au collège s’invente un statut d’orphelin face à des camarades aisés. Malade, un oncle le reçoit. Sa vie change. Camus a accès à la bonne société, à la culture. Alger la blanche sera désormais son nid. Il commence à écrire.
La suite est à lire dans cet étonnant et brillant Camus dont la voix off scande les étapes d’une vie illustrée et dessinée par Laurent Gnoni. Mais c’est peut-être l’idée de José Lenzini, spécialiste de Camus, de présenter sous cette forme sa vie qui est le plus touchant. On approche Camus, on le suit, on l’entend. Quand on l’a lu (et qui ne l’a pas lu ?) Lenzini ouvre d’autres pistes, plus familières, plus humaines. On a le Camus de Combat, de l’Étranger. On a la bêtise de Sartre, philosophe dépassé et jaloux. Camus, lui, restera à jamais un honnête homme courageux.
Camus, entre justice et mère, Éditions Soleil, 17,95 €
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