Un voyage au pays des sauvages, sans notion péjorative dans le terme, vers un nouveau monde surtout, c’est celui que vont entreprendre Alexis de Tocqueville et son ami Gustave de Beaumont au milieu du XIXe siècle. Où est ce monde à découvrir ? Aux États-Unis mais ils vont vite se rendre compte que la frontière vers l’ouest recule de plus en plus. La civilisation est en marche avec son cortège de destructions et de mépris de la culture autochtone. Kévin Bazot a librement adapté le récit de voyage de Tocqueville. On ressent toute la stupéfaction de Tocqueville face à un monde frénétique qui bouleverse tout sur son passage. Le dessin est très approprié au texte, les deux formant un journal passionnant et bouleversant aussi.
Ils partent de New-York en 1831 vers l’Ouest que l’on dit sauvage. Mais Tocqueville et Gustave découvrent vite que le progrès les a précédés, que les Indiens sont réduits à l’état d’épaves et que les Américains ont une bonne conscience écrasante. Le désert leur échappe. Même les Indiens ne savent plus où est leur terre. Direction Detroit. Pour Tocqueville rien n’est vrai dans le tableau qu’il découvre. La nature est abandonnée face à la civilisation triomphante. Pontiac ensuite à cheval et des pionniers, les premiers, qui essayent de les dissuader d’aller plus loin, à Saginaw où il n’y a rien. Ce sera enfin la découverte de terres et forêts vierges, de paysages grandioses que l’homme n’a pas encore violés. Trappeurs et Indiens vont aider les deux Français qui vont affronter dangers et solitude. Les Indiens seront leurs guides et les défendront faces à des blancs sans scrupules.
Philosophe, écrivain, historien de la Révolution et des démocraties occidentales, Tocqueville a signé, après un an passé aux USA, son ouvrage maître, De la démocratie en Amérique. Pour conclure ce séjour, il part à l’aventure vers l’Ouest et constate que rien ne peut résister à la vague déferlante du progrès qui casse l’harmonie naturelle entre hommes et nature. Un constat qui n’a rien changé, ni préservé, et pourtant fait en 1831. Une excellente idée d’avoir adapté cet texte dont la mise en images très réussie donne une vision réaliste et objective de ce qu’était l’Amérique.
Tocqueville, vers un nouveau monde, Casterman, 18 €
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