Le troisième cahier Baudelaire revient au début sur les rapports conflictuels familiaux du poète désargenté et dont la muse, Vénus ou Jeanne, coûte cher. Dandy, l’auteur des Fleurs du mal dont on célèbre le bicentenaire de la naissance cette année. On ne peut pas dire que ce génie ait fait dans la facilité. Yslaire aborde différemment le personnage, le met de fort belle façon en images, sans façon, en toute réalité amoureuse, érotique à la hauteur de ses poèmes. Ce cahier est le dernier avant la parution de l’album et mériterait un coffret tant l’objet est beau.
Envoûté Baudelaire, et en juin 1845 victime d’un malaise. Jeanne veut savoir ce que contient son testament, au cas où. Baudelaire parle à sa mère, veut se tuer car inutiles aux autres et dangereux pour lui-même. Il va rester quelque temps en famille mais sa Vénus sera la plus forte. Et le contaminera. Rien n’y fera. Les huissiers tournent autour de lui. Courbet voudrait faire leur portrait ensemble. La drogue le mine. Il découvre Poe, hait le conformisme et les militaires. La révolution embrase la capitale et Baudelaire fonde un journal. Sa vie est scandée par le succès de ses amis, Nadar, De Banville. Il écrit en 1855 des articles pour la première Exposition Universelle.
C’est donc Jeanne la narratrice de ce drame dont le héros se tue parce qu’il se croit immortel. Il le sera après sa mort. Jeanne sera exclue de toute succession. Dans ces trois cahiers Yslaire de crayonnés, parfois encrés, Yslaire est le peintre d’un Baudelaire maudit, c’est vrai, par lui-même, par un romantisme que la femme, Jeanne, a inspiré, bâti, tragique et bouleversant. Que ce soit le scénario sur des très larges bases historiques ou la richesse d’un dessin sublime, Yslaire se livre totalement, se rapproche au plus près de son modèle, le transcende et en fait un compagnon de route que l’on a un grand plaisir à accompagner au fil des pages.
Cahiers Baudelaire 3, Aire Libre Dupuis, 17,95 €
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