Nicolas Barral et Tonino Benacquista se sont intéressés de près au Guide Mondial des records. Ils en ont fait un album qui vient de sortir chez Dargaud. Voici comment il y a (déjà) quelques années le duo avait été le chroniqueur savoureux des mésaventures divines dans Dieu n’a pas réponse à tout. Une chronique toute droite sortie des archives de l’époque et signée par J-L. TRUC.
Les voies du Seigneur ne sont plus impénétrables. Dieu est parfois pris de court. Mais, comme on le sait, il a de la ressource et trouve toujours un spécialiste entre purgatoire et paradis pour lui donner un coup de main contre une récompense de son choix. Et voilà donc comment Tonino Benacquista, écrivain, scénariste, dialoguiste, auteur de Malavita ou de Tout à l’Ego, de La Boîte Noire et Barral au dessin ont donné au créateur le premier rôle de leur nouvel album, Dieu n’a pas réponse à tout (Dargaud), petit modèle d’humour et de tendresse bercé par des portraits fignolés de ces seconds couteaux dont le noble vieillard a un besoin vital.
« C’est l’éditeur qui nous a rassemblés avec Barral. Il a été l’homme de la situation ». Un destin divin en quelque sorte selon Benacquista : « Dieu est le personnage récurrent parfait sur des histoires courtes pour donner un effet série à l’ensemble. Il aurait été impossible de faire un album par épisode ». Dieu a donc des soucis et des cas à résoudre pour lesquels il se sent un peu faiblard. Il fait donc appel à des spécialistes, des pros, qu’il va envoyer en mission sur Terre. « Je devais trouver des gens connus par tous et que ce soit drôle. Le thème venait ensuite et devait illustrer leur talent personnel ». Un casting universel pour Benacquista avec cette saison un qui voit Freud, Louis XIV, Marilyn ou Mozart aller aider un pauvre mortel déglingué. « Dieu est sympa avec ses humains qui se plaignent de tout », précise Barral, sourire aux lèvres, qui a travaillé en totale liberté. « Peu d’indications descriptives sauf que Dieu, aimable mais autoritaire vieillard chenu dans son bureau high-tech, peut douter et avoir des sentiments finalement humains ».
Et le dessinateur qui a relooké Sherlock Homes ou Blake et Mortimer a travaillé avec Benacquista en parfaite osmose avec plusieurs allers-retours jusqu’à la planche finale. « Homère a été le premier à passer sous mon crayon. On ne voulait pas que du politiquement correct et ne pas tomber dans la caricature. Le décalage est plus efficace », précise Barral d’où un Al Capone savoureux, venu aider trois flics un brin idéalistes. Mozart quant à lui fait passer une bonne dose d’émotion. Dieu est donc à la Une BD de ce début d’année. Avec Benacquista et Barral, il semble bien que Dieu, dont les voies ne sont plus impénétrables, ait reconstitué une sacrée Trinité.
Dieu n’a pas réponse à tout, deux tomes, Dargaud, 14,99 €
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