Avec Le Château des Étoiles, Alex Alice a revisité avec talent aussi bien Verne que le romantisme du XIXe siècle en y apportant en plus une belle dose de SF et d’uchronie. L’Ether, Mars, Louis II de Bavière, il a créé un univers mirifique qui ne demandait qu’à être décliné. Les Chimères de Vénus en sont le premier essai avec Alain Ayroles et Étienne Jung au dessin qui envoient une « cocotte », Hélène amoureuse vers la planète lointaine où on a transféré le bagne de Cayenne et son amant. Un récit qui se déroule en parallèle du Château des Étoiles dans un ambiance second Empire avec armes et bagages, humour et aventure éthérée en dentelles. Charme et action, inspiration de belle qualité, on prend la direction de Vénus et ses monts.
L’Ethernef s’est écrasé dans l’océan. Quand saura-t-on les secrets de l’Île Magnétique sur Vénus. A Paris, sur scène, l’opérette fait recette, à la Offenbach. La belle Vénus, Hélène Martin, sort de son coquillage légèrement vêtue et émoustille le duc de Chouvigny proche de l’Empereur. Il va bientôt partir pour les colonies, Vénus lointaine planète, sur le vaisseau spatial l’Excelsior. Hélène est amoureuse d’un bagnard relégué sur Vénus, Aurélien, un poète, qui résiste même au bagne aidé par le colosse Samson, agressé par le dangereux Pitaine. Chouvigny a des projets immobiliers, de casino, de champs de course sur les planètes lointaines. Angleterre et France se sont partagés les territoires vénusiens sous l’œil de l’Allemagne qui est déjà sur Mars. Hélène et sa suivante partent pour Vénus avec Chouvigny et le général Mercadet qui ne fait pas dans la dentelle.
Il y a de sacrées bestioles sur Vénus qui ne vont pas aider le poète et ses copains. Vénus est un enfer mais Hélène décidée. L’Île Magnétique est toujours inviolée où on recherche le carburant miracle, l’éthérite. Aventure, ambitions, sentiments et surprises bien sûr, ponctuent cette balade pleine d’idées, de rebondissements et de personnages sans scrupules sur un trait souriant et réaliste. Hélène a un petit côté Cendrillon qui se serait perdue dans Jurassic Park et l’Atlantide réunis. Bien tourné et en trois tomes.
Les Chimères de Vénus, Tome 1, Rue de Sèvres, 15 €
Le graphisme est somptueux ! Un grand bravo à Étienne Jung !
Pierre Hauswald