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Face au mur, une cavale sans fin

On est habitué désormais et depuis longtemps (Papillon avait ouvert le bal) aux confidences d’anciens truands, de flics en mal de prétentions littéraires. Des reconversions qui sont souvent hasardeuses. Avec Face au mur, ce n’est pas le cas. Un coup de poing, un récit haletant, sans concession comme on dit, qui pèse lourd par sa spontanéité, sa sincérité, et que le travail de Laurent Astier fait exploser au fil des pages. Face au Mur c’est la vie de Jean-Claude Pautot au moins en partie, un truand récidiviste qui a passé la plupart des quarante dernières années en prison ou à tout faire pour risquer d’y aller. Il ne fait pas dans la dentelle Pautot devenu aujourd’hui artiste-peintre et que Astier a rencontré à la Centrale de Saint-Maur. De cette rencontre est né Face au mur, un choc sur bien des plans.

A soixante ans on peut faire un bilan de sa vie. 33 ans plus tôt Pépé est en prison et n’a qu’une idée en sortir. Avec ses vieux copains d’enfance Ring et Roc il se font la malle pat les toits. Il essayera bien de se mettre au vert en Allemagne, refaire sa vie mais on le retrouve traqué par Bellanger, un flic qui a juré d’avoir sa peau. Il va avoir le temps de se souvenir pourquoi il en est arrivé là. Le coup du siècle c’est lui en 1992. Son enfance a été un cauchemar dans l’un des derniers bagnes pour gamins vingt ans plus tôt au large de Quiberon. Pépé se fait les griffes et a compris qu’il ne devra jamais compter que sur lui. Devenu l’ennemi public numéro un, il réussit à échapper à nouveau aux flics et partir en cavale en Corse mais il ne faut trop déranger les habitudes des insulaires.

Un découpage en sept chapitres qui ne sont pas dans l’ordre chronologique et soulignés par un fond couleur différent, un rythme narratif et graphique pour montrer un enchainement inexorable des faits. Pépé est pris à son propre piège. La prison est le vivier malsain où il revient à chaque fois. Il est le narrateur au fil des pages et égrène sa vie que Astier met en musique. A la fois polar noir dans la tradition des grands titres cinématographiques français des années 90, Face au mur emprunte aussi à Tarentino ou aux Coen. Du grand art et un personnage que ne l’on ne juge pas mais qui se livre sans détours. Une cavale sans fin appuyée par le trait bouillonnant d’Astier.

Face au mur, Tome 1, Casterman, 19,95 €

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