La Ville de Paris et le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême présentent un événement consacré à l’art du célèbre mangaka Naoki Urasawa, dans le cadre du Tandem Paris Tokyo 2018. Gratuit et ouvert à tous, aux amateurs de manga comme aux curieux, L’Art de Noaki Urasawa s’expose du 13 février au 31 mars 2018 à Paris Rendez-vous, le concept-store de l’Hôtel de Ville.
Avant d’arriver à Paris, L’Art de Naoki Urasawa a été exposé en France pour la première fois au dernier Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Primé à deux reprises à Angoulême (Prix de la Meilleure série en 2004 pour 20th Century Boys, Prix Intergénérations en 2011 pour Pluto), Naoki Urasawa vient de recevoir, lors de l’édition 2018 du Festival, un Fauve d’honneur d’Angoulême ainsi qu’un Fauve d’honneur Polar SNCF.
Né en 1960, Naoki Urasawa est le maître incontestable du manga de genre pour adultes. Les séries 20th Century Boys, Monster, Pluto, Master Keaton ou plus récemment Billy Bat sont régulièrement saluées pour le souffle épique de leur mise en scène, leur sens aiguisé du suspense et leur vaste galerie de personnages aux physiques très singuliers et aux visages très expressifs. Dans ses mangas, Naoki Urasawa installe en effet des atmosphères étouffantes et fascinantes, entre Alfred Hitchcock et Brian De Palma, entraînant les lecteurs dans des polars labyrinthiques, teintés de SF et habités d’une douce mélancolie. Urasawa s’inspire autant de sa vie que de l’actualité qu’il transfigure, notamment dans sa série la plus fameuse, 20th Century Boys, qui reprend l’histoire de la secte Aum, dont l’influence a profondément marqué les Japonais dans les années 1990, et qui nourrit les angoisses liées à l’Apocalypse et à la rédemption de l’âme humaine.
Les motifs de l’œuvre de Urasawa
Cet événement rétrospectif présente 500 planches originales, et revient sur les motifs de l’œuvre : l’obsession d’un mal sans visage et sans nom, l’art comme forme supérieure d’aspiration humaine, le dialogue entre l’Orient et l’Occident, ou encore la crainte de la résurgence de dictatures sanguinaires. Urasawa a commencé très jeune dans le manga, sous l’influence du maître Osamu Tezuka, auquel il rend souvent hommage par de nombreux clins d’œil et dont il poursuit l’œuvre avec Pluto, prolongement de l’histoire d’Astro Boy en huit tomes. Malgré son talent inné et une reconnaissance précoce, il débute véritablement sa carrière presque par hasard, grâce à un concours lancé par la maison d’édition Shogakukan, qu’il remporte à l’âge de 22 ans.
Naoki Urasawa est aimé des lecteurs comme des créateurs occidentaux. Dans les années 1970, il découvre Métal Hurlant et voue dès lors un culte à Jean Giraud, qu’il considère sans égal. Utilisation du vide, finesse du trait, choix des textures : toute l’originalité graphique de Moebius marque profondément Urasawa. Il devient l’un des premiers auteurs japonais à revendiquer l’influence de la bande dessinée franco-belge. Le mangaka est par ailleurs musicien, mais aussi théoricien de la bande dessinée : il a réalisé pour la chaîne japonaise NHK des entretiens filmés avec différents auteurs, où se révèle son approche particulièrement intuitive du dessin et sa force de travail titanesque. Il continue aujourd’hui à l’employer avec sa nouvelle série, Mujirushi, dont la publication au Japon a commencé en octobre 2017 dans la revue Big Comics Spirit.
160 ans de relations diplomatiques avec le Japon
2018 marque le 160e anniversaire des relations diplomatiques entre le Japon et la France. Cette année commémore également le 150e anniversaire du début de l’ère Meiji, moment où le Japon s’engageait sur la voie de la modernité et s’ouvrait à l’Occident en apprenant de lui. La fascination pour la culture japonaise tient par ailleurs historiquement à la curiosité suscitée par de nouvelles formes qui ont fortement marqué les avant – gardes françaises les plus célèbres du XIXe siècle.
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