L’ex URSS au moment où tout a basculé, la période Eltsine, le communisme rayé de la carte remplacé par un capitalisme sauvage, le pays dépecé économiquement avec toute une armée de plus ou moins gros profiteurs, Pierre-Henri Gomont (La Fuite du cerveau) décrit le tout dans Slava. Trois tomes avec un duo de cas si ce n’est sociaux mais au moins d’espèce, un peintre raté Slava Segalov et Lavrine roi des tordus. On parlera à la fois d’une sorte de reportage sur une époque qui a fait la Russie d’aujourd’hui, clairvoyant et appelle à toutes les prudences pour le futur (on a vu en Ukraine) mais aussi d’un thriller, polar social et économique très détaillé et étonnant comme Gomont sait faire.
Dimitri Lavine pille les anciens palaces soviétiques, oubliés ou perdus dans la nature. Il travaille pour un commanditaire et Slava qu’il a autrefois lancé sous le régime soviétique comme peintre, désormais oublié avec la chute de l’URSS, lui file un coup de main. Slava se souvient du passé, de son parcours au moment où avec Lavine il commence à vider une maison du peuple somptueuse abandonnée. Vitraux, tableaux tout y passe, tout ce qui peut se vendre. Retour sous la neige mais braquage imprévu sur la route par des types armés. Une jeune femme avec un fusil à lunette fait le ménage et les ramène dans un autre palace perdu où elle vit avec son père, Volodia, colosse un brin déjanté. Le duo se requinque et Lavine ferait bien ses courses dans ce nouvel eldorado inconnu. Car depuis l’échec de leur expédition il a des dettes avec son commanditaire qui n’est pas un tendre.
La voix off c’est celle de Slava qui explique, clarifie, raconte son passé et le raccroche au présent. Levine va tenter l’impossible et faire face à des gens sincères désintéressés. Curieusement on pense à Blain pour le trait par moments. Un peu complexe les embrouilles mais un Russe ça survit depuis toujours, le trafic coule dans leurs veines fait dire Gomont à un personnage. De l’amour quand même et une ordure grand style Sakharev parmi d’autres. Suspense en place dans un environnement où tout est permis et où la vie ne vaut rien, ce qui n’a pas vraiment changé dans la Russie actuelle. Un premier tome avec les états d’âme de Slava.
Slava, Tome 1, Après la chute, Dargaud, 20,50 €
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