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Interview : André Le Bras a signé le tome 2 du Buck Danny « Les Oiseaux Noirs »

Francis Bergèse l’avait dit. Ce n’est pas lui qui dessinerait le tome 2 des Oiseaux Noirs chez Dupuis, ce scénario partiel de Charlier dont il avait fait des planches à l’époque. Il avait toutefois continué l’album plus tard et publié un premier tome sous sa signature avec une poursuite du scénario par Buendia et Zumbiehl. Ce sont ces mêmes scénaristes qui ont bouclé l’histoire mais c’est André Le Bras qui a pris la suite de Francis Bergèse dans le tome 2. Le Bras s’est confié pendant le festival Quai des Bulles à Ligne Claire au moment même où l’album sortait en librairie et sur lequel on reviendra. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.

André Le Bras. JLT ®

André Le Bras, vous aviez déjà travaillé auparavant sur Buck Danny ? Vous connaissiez le milieu de l’aéronautique ?

Non, c’est la première fois que je travaillais sur Buck Danny avec cet album. J’avais effectivement par contre fait cinq albums avec des avions, Rafale leader, Flotille 66. Deux séries chez Zéphyr qui m’ont donné de l’expérience dans ce milieu.

Comment s’est passé au début cette reprise des Oiseaux Noirs. On sent une lourde charge sur les épaules ?

Non, pas une charge. Quand j’ai pris la suite pour le tome 2 des Oiseaux Noirs après Francis Bergèse, j’ai dû réagir très vite. Une fois dans le projet tout s’est mis en place. J’ai eu la tête dans le guidon et pas le temps de penser aux répercussions éventuelles.

Vous étiez décontracté dans le bon sens du terme. Comment on adopte des personnages aussi célèbres ?

Moi en fait c’est Bergèse qui m’a inspiré parce qu’il avait déjà fait le tome 1. Par contre pour ne pas être influencé j’ai mis de côté tous les albums d’Hubinon pour ne pas tout mélanger si je puis dire. J’ai relu par contre tous les Bergèse et chaque fois que j’avais un doute pour une expression je me replongeais dedans. Bergèse m’avait dit au début de m’inspirer de ce qu’il avait fait pour rester dans son esprit.

Votre façon de travailler est traditionnelle ?

Tout l’encrage a été fait sur ordinateur. Il y a avant un story-board et un crayonné papier que je scanne. Je le repasse ensuite à la tablette et cela m’a permis de gagner du temps pour que mon encrage soit le plus proche possible de celui de Bergèse.

Et au niveau des avions ?

Pour les avions j’avais de la doc et je les ai fait sans problème. Cela ne veut pas dire que je ne peux pas oublier un détail sur un avion. C’est vrai que c’est un milieu où il y a des fans très pointilleux. Quand j’envoyais les planches pour validation on me disait si le modèle était le bon ou les détails à modifier. Le plus compliqué ce n’est pas les avions mais les personnages.

On est au début de la guerre des étoiles, avec des avions mythiques, l’U-2, le SR-71. Tout est crédible ?

Oui mais il y a de la fiction évidemment, avec de l’espionnage dans l’esprit de John Le Carré. C’est un univers qui correspond bien à l’époque, la chute du Mur de Berlin et la fin de l’URSS.

Deux autres détails à noter : Laverdure qui apparait sous les traits d’un pilote et le jeu d’échecs qui est la clé de l’intrigue ?

Pour Laverdure je n’ai aucune idée de la raison de sa présence. Il a un petit rôle dans le premier tome et j’ai donc repris son dessin. C’est peut-être Charlier à l’époque. Pour les échecs ce sont les scénaristes qui sont partis sur ce thème car Charlier avait évoqué le sujet avec Bergèse. Stratégie, échecs, sacrifier un pion, on comprend en lisant l’album la similitude et les rapports de cause à effet.

On retrouve Holden et la trame classique des Buck Danny. Sans Lady X.

Bien sûr. A part certaines scènes pas encore finies j’avais travaillé le scénario en amont et savais comment l’histoire finissait avec la chute du Mur et les personnages qui apparaissaient. Lady X cela aurait fait beaucoup.

Vous auriez envie de continuer Buck Danny ?

Envie oui mais il y a déjà deux séries dont la Classic avec Jean-Michel Arroyo. Ce ne pourrait être qu’un hors série. Il n’y a pas de collection à part entière de plus prévue. Et il y a déjà des dessinateurs sur les séries existantes.

Cela a été une expérience riche, marquante et avant tout un plaisir ?

Quand on est dans les traces de grands dessinateurs comme Bergèse ça marque forcément. On s’inspire de ce qu’ils ont fait. J’avais lu les albums mais comme lecteur il y a dix ans. Là il fallait rentrer dans le style, le découpage, le dessin. On est influencé. J’ai un peu joué ma carte mais j’ai voulu coller pour que ça fasse un tout et que ce soit aussi un plaisir.

Vous avez des envies, toujours dans l’aviation ?

Je suis né dans l’aviation mais pas forcément. J’ai fait d’autres choses avant. Ce serait de toute façon de la BD réaliste contemporaine. Pour l’instant c’est une suite logique ce tome 2 des Oiseaux Noirs. A une époque j’ai failli dessiner un western avec Corbeyran. C’est la lecture de Blueberry qui m’a mis le pied à la BD et donné envie d’en faire. Alors pourquoi pas ?

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