Antonio Altarriba s’est totalement imposé comme un grand auteur avec Moi, Assassin avec Keko au dessin, primé à maintes reprises de Quai du Polar à l’ACBD. Dans L’Aile brisée il poursuit une œuvre introspective si ce n’est une sorte d’exorcisme de ses origines familiales. Après son père dans L’Art de voler, c’est au tour de sa mère, Petra, dont il raconte la vie, succession dès sa naissance de drames dans une Espagne qui sera bientôt sous le joug franquiste. Un long roman graphique dont chaque scène a son importance et son poids dans cette mise en perspective des regrets d’un fils de ne pas s’être en fait suffisamment rapproché de sa mère.
Il faut se souvenir de la rigueur pour ne pas dire plus, qu’imposent église catholique et la dictature franquiste à l’Espagne de Petra. On en ressent toute la violence et la puissance dans la façon d’être de Petra déjà marquée par son enfance. Femme de dévouement mais rigide, liée à l’Histoire en raison de sa fidélité au général Bautista qui voulait le retour à la monarchie et qui finira assassiné. Petra connaîtra sa part de bonheur tardivement. Antonio Altarriba raconte une vie qui lui est chère, celle d’une mère espagnole qu’il redécouvre souvent avec passion et amour. Regrets aussi mais pour une remise à niveau de son propre ressenti et équilibre. Kim dessine ce voyage avec une ligne claire sur aplats de grisés, sans couleur, avec un réalisme qui colle à l’authenticité et l’émotion du récit.
L’Aile brisée, Denoël Graphic, 23,50 €
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