Depuis la série Pin-up de Berthet et Yann, on sait ce qu’était un nose art. Dès la Première Guerre Mondiale, les pilotes peignaient un insigne d’escadrille fantaisie ou un porte-bonheur sur leur avion. Avec l’entrée en guerre des Américains en 1941, en plus de leurs marques réglementaires, les équipages en particulier de bombardiers ajoutaient une Pin-up sur le fuselage qu’ils baptisaient et qui devaient les protéger du feu ennemi. C’est la trame de ce diptyque dont le tome 1 vient de sortir, la Pin-up du B-24 avec aux commandes Jack Manini et au dessin Michel Chevereau. Un duo qui se connait bien et qui a su se singulariser sur cette histoire bien documentée, chaleureuse qui surfe sur le thème de la BD aéronautique tout en y ajoutant une part de romanesque, voire une légère teinte de fantastique à travers la voix off de la belle dessinée sur le nez du B-24, bombardier mythique du second conflit mondial.
C’est Ali-La-Can, l’ange gardien peinte sur la tôle du B-24, qui pourtant va s’écraser dans les sables de Libye. Mai 1944, le pilote, le major Baxter ne sait pas comment il est arrivé à l’hôpital, bien loin de la carcasse de son avion. En prime sa femme infirmière sur le USS Louisiana est portée disparue. Dès lors et bien après la guerre, Baxter veut à tout prix savoir ce qui est arrivé à son avion, le retrouver, et où sont passés les membres d’équipage. Ali-La-Can se souvient de Glenn Baxter, le pilote, Fred Oglala, un Indien copilote dessinateur de chez Disney, et Johnny Butcher, un cow-boy. Trois amis inséparables qui vont rencontrer trois nurses, des infirmières, Alice, Candy et Lana, la divine. Des trois jeunes femmes, Fred fait un condensé, Ali-La-Can, qu’il peint comme dogtag du B-24 avec lequel ils vont effectuer leur première mission. Dont ils reviennent sans une égratignure comme ensuite de leurs autres cibles.
Une bonne histoire, bien ficelée, avec sa part de suspense, de drame et ouverte vers un deuxième album que l’on va attendre avec impatience. Il devrait y avoir des surprises. Jack Manini a bien argumenté son scénario. Côté dessin rien à dire, du solide avec des scènes aériennes travaillées. Un petit détail, les équipages de l’Army Air Force ne portaient pas de blouson en cuir à col de fourrure ou alors en toile et vert, mais des A2 marron rouge à col cuir. Mais bon, on ne va pas pinailler. Le nose art était partie prenante de la vie et de la mort de ces équipages de gamins de vingt ans souvent abattus dans des raids meurtriers. Une façon de conjurer le sort devenu une tradition comme le montre le dossier en fin d’album. Manini et Chevereau ont fait un bon diptyque dont le tome 1 s’imposera aussi sûrement auprès des passionnés du thème.
La Pin-up du B-24, Tome 1, Ali-La-Can, Grand Angle, 14,90 €
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