Avec Le Troisième Testament, Julius, Alex Alice au storyboard, au scénario et Thimothée Montaigne au dessin, sur des couleurs très travaillées de François Lapierre, on a eu la chance de suivre une grande saga épique sur fond d’ésotérisme, d’histoire antique et religieuse. Cinq albums dont le dernier vient de sortir chez Glénat. Le final se passe à Jérusalem où Romains et Juifs s’affrontent dans cette série qui est la préquelle du célèbre Troisième Testament d’Alice et Dorison. Deux hommes sont face à face, le bien et le mal dans un combat furieux, diabolique et sans pitié. Alex Alice et Thimothée Montaigne le dessinateur, sont revenus avec ligneclaire.info sur Julius pendant le Salon du Livre à Paris. Alex Alice sera à Nîmes pour le Printemps des Auteurs au Planétarium le 7 avril. Thimothée Montaigne sera lui Galerie Glénat du 4 au 24 avril à Paris où il exposera ses planches. Vernissage le 4 avril. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Alex Alice, pouvez-vous revenir sur la génèse de la série du Troisième Testament, Julius ?
Alex Alice : En fait, on a imaginé pour la première série, Le Troisième Testament avec Xavier Dorison, l’histoire d’un ancien inquisiteur parti à la recherche d’un texte interdit qui serait un des manuscrits de la Mer Morte dans lequel il y aurait un ultime témoignage divin. On était au Moyen-Age, avec l’Inquisition, des Templiers plus une composante occulte et ésotérique. Dès le début, on avait eu l’idée de faire un deuxième histoire qui se passerait à la fin du XIXe siècle et qui explorerait sous forme de flash-back tout l’ésotérisme de la chute des Templiers à 1900. A l’époque c’était original mais peu après la parution du Troisième Testament, il y a eu une déferlante de BD autour du thème. Sans oublier le Da Vinci Code. On a laissé tomber cette idée. Mais j’avais fait un ex-libris pour le tome 4 avec le Christ sur le chemin de croix. Xavier a dit, pourquoi ne ferait-on pas par contre une histoire sur Julius de Samarie, un péplum fantastique. Xavier m’a parlé de cette idée. En plus, le péplum avait été remis au goût du jour avec le film Gladiator. Ce qui changeait un peu de Quo Vadis ou d’Astérix. On a évoqué plein de possibilités. On s’est aperçu finalement qu’on écrivait chacun de notre côté deux histoires différentes. Et donc on a décidé que je ferai le story-board et ensuite le scénario de ce Troisième Testament, Julius, qui comporte cinq albums.
T.M : Quand je suis arrivé sur la série, j’avais fait déjà mon petit parcours. J’ai donné un coup de main à Robin Recht pour le tome 1. C’est vrai qu’Alex est très exigeant. Le grand changement dans ma vie c’est que je copiais avant Alex, Lauffray, tous les auteurs que j’aimais. Quand Alex est venu me chercher pour Julius cela a été l’album le plus ambitieux que j’ai eu à faire et le plus facile. Pourquoi ? C’était un gain de confiance et si il me donnait cette responsabilité c’est qu’il estimait mon travail. La collaboration a été simple. J’arrivais à me projeter dans les envies d’Alex et il a une façon de découper où il est capable de mettre quinze cases sur une planche et il reste lisible. Dans son story-board il y a toutes ses intentions.
Votre travail au dessin est traditionnel, sur papier ?
Alex, comment avez-vous préparé et utilisé une documentation qui a dû être importante sur l’époque ?
A.A : Avant tout, le travail d’auteur était obligatoire. Il fallait pouvoir extrapoler et en fait apporter sa propre réalité. Les sources disponibles sur internet pour Jérusalem et l’époque sont inépuisables. C’est la jungle. Si on n’a pas une idée précise de ce que l’on veut faire c’est compliqué. L’information autrefois était difficile à trouver. Aujourd’hui on est perdu dans le trop plein d’infos. Une métaphore : avant on cherchait une plante dans le jardin, maintenant on la cherche dans la jungle. Dans ce cas, si on n’est pas trop regardant on peux prendre la première qui vous tombe sous la main. On peut se retrouver en position de compilateur ou de « remixeur » plutôt que de compositeur. Finalement toutes les images sont là, il faut les choisir et les monter.
Pour le dessin le problème est le même ?
T. M : Alex fournit une grosse base de documentation. Il va aller chercher l’orchidée dans la jungle. Moi mon rôle comme on est dans une série épique c’est de booster tout ça en restant crédible.
Le Troisième Testament c’est à priori une bible inconnue mais Sar Hasarim qui s’oppose à Julius, c’est un vrai méchant, une sorte d’ante-Christ ?
A.A. : Oui, car ce qui m’intéressait ce n’était pas seulement l’histoire de la rédemption d’un Romain qui rencontre Dieu. C’est aussi le parcours inverse d’un Chrétien parfait qui pratique sa foi de façon positive jusqu’au moment où son ambition le dépasse. Il devient un intégriste, un tyran qui fait figure de destructeur absolu.
On a peu traité en BD de la destruction du Temple à Jérusalem, les combats des Zélotes contre les Romains, de la résistance des Juifs contre Rome dans la forteresse de Massada. Julius, c’est de grande aventure, avec de l’amour. Il fallait vraiment que la série s’arrête ?
T.M : Non (rires).
A.A : C’était écrit comme ça. On a en fait simplement intercalé un album en coupant le tome 2 en deux à la demande de l’éditeur. Il fallait que ça s’arrête. Une fois que j’ai une vision précise de ce que doit être une série, j’ai du mal à envisager que cela change. Et on a fonctionné comme ça avec Xavier. Il n’était pas question de rallonger la sauce.
A. A : Le personnage me fascinait. Sar Hasarim croise le parcours de Julius jusqu’à leur affrontement final dans le tome 5. Ensuite sur le messie des Juifs qu’ils attendent à cette époque de tensions terribles, il y a eu plein de candidats. Le Christ est un messie qui a réussi mais beaucoup ont revendiqué le titre, se sont soulevés contres les Romains et se sont faits battre. On voit un peu la même chose avec l’Islam au Soudan au XIXe siècle, un élu qui s’est battu contre les Anglais et a été vaincu. Le Christ n’était pas un chef de guerre.
Vous allez retravailler ensemble ?
TM : Pas pour l’instant. On a eu une collaboration parfaite. Ce qui est rare. Alex est submergé avec Le Château des Étoiles. Si un jour il écrit un truc et me le propose je serai partant. On s’est bien trouvé.
La progression dans Julius est flagrante et le tome 5 explose dans le bon sens du terme.
T.M : J’attendais le 5 avec impatience. On a repris un peu le ton et le look de personnages d’Excalibur de Boorman, une référence commune. Actuellement, je suis avec Yves Swolfs sur Le Prince de la Nuit pour deux albums. Il faut que je trouve après un projet à mettre en place. Le western est très à la mode et ça me fatigue parce que c’est un univers que je maîtrise un peu près.
A. A : Mais moi pas du tout (rires).
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