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Une Histoire de la Guerre d’Algérie, nécessaire

Il y a 60 ans l’Algérie devenait indépendante, la France y terminait une guerre longue, meurtrière, coloniale dans ce qui était à l’époque des départements, Alger, Oran, Constantine à l’image de ceux de la métropole. 1962 est un tournant dans l’histoire de notre pays et bien sûr de l’Algérie. Donc pas vraiment étonnant que des albums sur le sujet (très peu traité sur le fond par la BD en fait comme Azrayen de Lax ou Petit-fils d’Algérie d’Alessandra) sortent pour l’occasion.

C’est Une Histoire de la guerre d’Algérie (qui ressort et date de 2020) de Jean-Blaise Djian, rédigé par Isabelle Bournier, Guy Pervillé et au dessin Sergio Alcala qui s’appuie sur la réalité mais y ajoute une part de romanesque entrecoupée de pages dossier illustrées. C’est un peu comme Cécil Saint-Laurent (pseudo de Jacques Laurent académicien français, Prix Goncourt) l’avait fait en 1961 avec sa saga pro Algérie française, Les Agités d’Alger. Ou bien sûr l’incontournable Jacques Ferrandez avec sa remarquable fresque Les Carnets d’Orient complétée par un album post indépendance Suites algériennes jusqu’en 2019. On n’oublie pas Alger-Retour de Fred Niedhard sur la difficulté pour une grand majorité de pieds-noirs d’accepter d’avoir perdu ce qu’ils considéraient comme leur pays. Voici donc cette histoire, soixante-après. Un contentieux jamais réglé, utilisé, manipulé, encore plus aujourd’hui par un grand nombre de gens qui n’en savent finalement pas grand chose mais cela fait bien dans le débat de quelque bord que ce soit.

Tout commence à Constantine en 1945, le 8 mai. Sélim, Achour parlent de Fatima que l’on va obliger à se marier. A Marseille on en embarqué les troupes d’Afrique qui se sont brillamment battues pour la libération de la France. Mustapha et Yacine, frères de combat rentrent en Algérie. Sélim et Achour retrouvent leurs pères mais ils n’ont plus de travail, acceptent des petits boulots. Le vent de la liberté a été rapporté dans leurs paquetages. Ferhat Abbas veut un autre statut pour l’Algérie. On prépare une grande fête pour le 8 mai à Sétif car ce sera le jour de la fin de la guerre en Europe. Yacine va y aller pour manifester. Les renseignements militaires commencent à avoir des indicateurs car le nationalisme algérien se réveille. Mustapha est en première ligne mais il parle trop. Drapeau algérien en tête, la manifestation se heurte à l’armée qui tire, les civils ouvrent le feu, riposte des manifestants armées. Prison pour des années, on est en 1950 et Yacine va vite s’apercevoir qu’il a été spolié, que sa femme est morte, que Sélim a disparu. Et que son ami Mustapha a d’autres projets que de penser à l’indépendance.

On arrivera à la Toussaint rouge de 1954 tout en suivant les héros de cette histoire. Les massacres de Philippeville, d’El Halia dans le constantinois en 55, Palestro. La guerre ne dira pas son nom. Maintien de l’ordre, opérations dans les Aurès, et au retour de la campagne avortée de Suez, ce sera en 1957 les attentats, la bataille d’Alger qui réduit à néant les réseaux urbains du FLN. 1958, le 13 mai, il faut lire un Général, des généraux. Le plan Challe et les katibas de l’ALN mises à mal mais l’indépendance est inévitable, logique. La terrible fusillade de la rue d’Isly écoutée en direct en 1962 à la radio par le très jeune auteur de ces lignes ne sera jamais expliquée : « Halte au feu mon lieutenant ». Le massacre d’Oran où l’armée reçoit l’ordre de ne pas intervenir du général Katz, c’est tout cela que reprend l’album à travers deux destins algériens pour une indépendance qui sera détournée par des institutions encore toutes puissantes de nos jours. La vraie question est de se demander si les choses auraient pu se passer autrement mais on ne refait pas l’Histoire. Si on se limitait au dessin on dirait que les erreurs d’uniforme, d’armement sont fréquentes en particulier en 1945. Qu’en prime le trait est très moderne par rapport à l’époque mais ce sont des détails qui n’ont pas grande importance face à l’intérêt du sujet pour la mémoire collective si tant est qu’elle s’en soucie.

Une histoire de la Guerre d’Algérie, Petit à Petit, 17,90 €

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