Pas vraiment dans la dentelle ce récit de Diego Agrimbau et dessiné de belle manière par Juan Manuel Tumburús. Les Yeux perdus est un conte sauvage, sanglant, iconoclaste issu de toute une tradition du genre, des films anglais d’horreur des années 70, à Hitchcock, ou autre Dragon Rouge, Nuit des morts vivants. Et on y croit à cette ambiance malsaine que les deux auteurs ont mis cruellement en scène, sur une ambiance qui accroche, empêche qu’on laisse tomber l’album parce qu’on veut savoir. Tout savoir avec un petit côté voyeur.
1917, la guerre fait rage, un soldat tombe sur deux gamins, Otto et Ofelia, qui portent des masques à gaz et accepte leur invitation à dîner dans un manoir perdu. Invité le bonhomme à un curieux repas. Pas le temps d’avaler une bouchée, il est décapité devant son assiette par Maurice un brin dodu, le chef cuisinier et des enfants qui ont une collection de poupées sans œil. Maurice se fait un plaisir d’enlever justement les yeux de ses victimes qui sont aussi des réserves en ces temps de famine. Dans la serre poussent des plantes pour lesquelles il faut de la lumière produite par un générateur. Otto a peur de Maurice dont les parents tenaient l’orphelinat dans lequel ils sont. En réalité ils sont anthropophages. Dans le dortoir il y a de petits cadavres sans yeux.
Avouons que l’univers est complètement barré, mais heureusement il y a un pilote dans son Albatros. Un met de choix. Y aura bien un retournement de situation mais le suspense fait partie du menu. Avec relance horrifique à prévoir. Ah la guerre gross malheur. Noir et lugubre, les yeux de l’enfer.
Les Yeux perdus, Dargaud, 16,50 €
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