Un récit qui remet en perspective l’une des pages les plus noires de l’Histoire de France, la déportation organisée sous tutelle allemande par l’État français de ses propres concitoyens pour raison religieuse. Wally Dantzig est une jeune fille juive qui habite Paris avec le siens. Ses parents originaires de l’Europe de l’Est devenus français, comprennent vite qu’être juif est un danger qui va se révéler mortel. Ils exfiltrent leurs enfants vers la zone Sud. Dans Deux hivers, un été, Wally va raconter sous le crayon de Valérie Villieu et le pinceau de Antoine Houcke comment elle a pu survivre, cachée et grâce au courage de ces Français, rares, qui n’ont pas accepté le déshonneur d’une collaboration ou une passivité coupable. Tout est vrai bien sûr dans ce récit de peur, de violence et pourtant d’espoir chevillé au corps malgré les tourments, la mort qui rode. Une narration au quotidien qui montre que survivre en France de 1942 à 1944 pouvait tenir à peu de choses. Sortie prévue le 27 mai.
La papa de Wally, Herman Danzig, est austro-hongrois et se retrouve en France par hasard en 1914. Interné comme étranger et libéré en 1918, il retourne chez lui mais revient en 1926 s’installer dans ce pays qu’il a appris à aimer. Sa fille Wally a six mois. Les années vont être difficile pour les Danzig, scandées par un travail incessant. Wally grandit avec ses sœurs, son frère. Wally devient Valentine pour mieux s’adapter à la France. En 1933 l’Allemagne bascule, devient nazie. Les Danzig s’installent dans Paris en 1936 et leur petite entreprise grandit. 1939, son père part à la guerre que la France perd. Les Allemands défilent dans Paris occupée. L’État Français devance les Allemands et promulgue ses propres lois anti-juives. Pour Wally et les siens vont commencer des années de haine et de feu. Son frère Beno est déporté. Après le Vel’d’hiv, ses parents décident qu’elle doit partir. Passage clandestin de la ligne de démarcation, Lyon, Grenoble et le village de Corenc. C’est là où Wally va se cacher, vivre, aidée par un certain nombre d’habitants.
C’est cette vie au jour le jour où rien n’est simple, où la moindre erreur peut vous faire arrêter et donc mourir dans un camp, que va vivre cette jeune adolescente. Elle sera arrêtée mais un policier les sauve. Ses parents à Paris sont déportés. Sans argent des parents, ça va être la débrouille pour survivre, passer inaperçu, se fondre dans le paysage. La zone Sud investie par les Allemands, Résistance, Libération, retour à Paris avec l’espoir de revoir les siens, le Lutetia où les déportés français passent, Wally décrit avec minutie, émotion tout ce qu’elle ressent à la hauteur de ses souvenirs qui parfois se sont estompés. Comment accepter la mort des parents et dans ces circonstances si monstrueuses qu’on va découvrir à la libération des camps ? Valérie Villieu (Little Joséphine) a rédigé son scénario très construit avec les souvenirs de Wally. Antoine Houcke a su les faire vivre et de quelle façon, sans emphase, simplement, sobrement et pourtant avec une force terrifiante, parfois en couleur pour souligner les rares moments heureux. Un cahier de photos d’époque de Wally et des siens, des rappels historiques nécessaires terminent cet ouvrage remarquable et nécessaire.
Deux hivers, un été, La Boite à Bulles, Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 24 €
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