On confine et donc toutes les galeries ont fermé leur portes. Reste bien sûr les expositions virtuelles comme celle organisée jusqu’au 28 avril 2020 par la galerie Napoléon à Paris qui a ouvert sur le web. On va y retrouver l’un des plus démoniaques (hyper nerveux drôlissime) personnages de BD imaginé par Goscinny, le grand vizir Iznogoud. Tout le travail au dessin de Jean Tabary et de Nicolas Tabary son fils qui avait repris le personnage dans une sélection de planches et de dessins à la vente.
En fait, dès le départ il y a eu maldonne. Le vrai héros de la série c’était le brave calife Haroun El Poussah, pas son grand vizir Iznogoud qui ne rêve que d’être calife à la place du calife. La galerie Napoléon rappelle que, dans un document de travail inédit, René Goscinny présentait « Les aventures du Calife Haroun el Poussah », qui deviendront par la suite « Les aventures d’Iznogoud », en décrivant précisément à quoi devait ressembler Iznogoud et quels étaient ses traits de caractère.
La recette du succès, la voilà : « Deux personnages sont les vedettes de cette série. Haroun El Poussah, calife de Bagdad, qui est très bon, très gros, pas très intelligent, qui ne fait rien, et le fait bien. Le grand vizir Iznogoud, qui est petit, maigre, et horriblement méchant. Iznogoud n’a qu’un rêve : devenir calife à la place du calife. Le sujet est donc très simple : Iznogoud, dans chaque épisode, trouvera un moyen infaillible de se débarrasser du calife, et ce moyen se retournera infailliblement contre lui ». Le calife ne s’apercevra jamais de rien, et persistera à appeler son ignoble grand vizir « Mon bon Iznogoud ». Et Goscinny d’ajouter : « Iznogoud sera aidé dans ses entreprises par son homme de main Dilat Laraht, qui lui servira souvent de cobaye. Dilat ne croit pas à la victoire de son maître, et essaiera sans succès de le dissuader. Dans cette parodie des Mille et Une Nuits, les décors devront être très simples et stylisés. Les costumes, des costumes de turquerie. Nos héros sont un peu minables, et un repas somptueux est constitué par du poulet. Quatre ou cinq citoyens représentent le peuple en délire ; quatre ou cinq soldats, la garde du calife. Les truquages sont très simples. »
Et voilà comment, en toute simplicité, Iznogoud est devenue une vraie star, une référence du méchant idiot, qui se plante à tous les coups et trépigne comme De Funès dans Pouic Pouic (1963, un après la création d’Iznogoud), La Traversée de Paris, Fantomas ou La Grande Vadrouille. A se demander presque qui a inspiré l’autre. Un humour exacerbé que Jean Tabary a su à merveille mettre en relief et que l’on retrouve sur le site de la galerie Napoléon où l’on peut aller jeter un cil, pour le plaisir au moins.
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