Adapté du roman de Nastasia Rugani paru en 2014 à l’École des Loisirs, Tous les héros s’appellent Phénix va vous faire frissonner en douceur. Deux sœurs, Phénix et la petite Sacha vont involontairement faire rentrer un type qui pourrait bien être un grand méchant loup dans la bergerie familiale. Mais pourquoi, comment, et qui est vraiment le beau et ténébreux Mister Smith, prof principal de Phénix ? Jérémie Royer a mis en scène graphique cette balade au bord du gouffre, sur le fil du rasoir, racontée en laissant planer doute et ambiguïté pour mieux surprendre et déstabiliser. Le dessin est sobre, sans emphase inutile, et d’autant plus efficace pour balader le lecteur vers des horizons troublants et violents.
Phénix et Sacha font du stop, vélo crevé. C’est Mister Smith qui s’arrête, professeur de Phénix, et qui leur propose de les ramener chez leur mère, Erika, qui se déplace beaucoup. Leur père a mis les voiles. Smith est aimable, souriant et à l’école se propose désormais de les ramener tous les jours chez elle. A condition qu’elles soient à l’heure. Un brin maniaque le beau brun mais la confiance s’installe entre lui et la petite Sacha. Phénix est plus sur la réserve. Sa mère par contre craque pour Jessup, prénom de Smith qui charme son petit monde mais sent les réticences de Phénix. Il devient plus autoritaire tout en jouant sur tous les registres. Lors d’une visite à la scierie, les filles font la connaissance de Ivane Lévy, un « éco-terroriste » qui a fait de la prison.
Comme Rugani dans son roman, Royer (qui a signé Audubon) dans son adaptation, monte doucement en puissance mais ne surprend pas vraiment. Le suspense est léger même si on est accroché aux détails, aux indices mais qui vont rapidement devenir des faits précis dont on se doute vite. Mister Smith ne va pas au Sénat mais joue plutôt au docteur Jekyll. La suite, elle est à découvrir dans l’album bien ficelé cependant.
Tous les héros s’appellent Phénix, Rue de Sèvres, 16 €
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