Joris Mertens signe avec Béatrice son premier album. Sans paroles et tout en nuances, dans une grande ville des années soixante, soixante-dix, cette chronique au quotidien d’une vendeuse en grand magasin recèle non seulement une histoire séduisante, mystérieuse, une héroïne petit chaperon rouge en mal de grand méchant loup mais aussi un dessin qui donne immédiatement à penser, séduit et accroche le regard. L’idéal est de ne pas en dire plus car Joris Mertens, tel le Petit Poucet, sème ses indices qui vont mener à une grande interrogation. Tout en finesse.
Elle travaille dur la petite vendeuse de gants. La ville brille de mille feux comme le grand magasin où elle sévit. Béatrice arpente les boulevards, prend le train, le métro, sourit à ses clientes. Que fait donc ce cabas rouge comme son manteau au pied d’une colonne du métro ? Tous passent et personne ne le remarque sauf elle. Mais elle le laisse sur le quai. Ouverture du grand bazar, Béatrice solitaire en blouse rouge sourit et passe une journée banale sans nuage. Mais le soir, le cabas est toujours à sa place. Dans son petit studio, elle oublie mais le lendemain il est toujours là. Plus d’hésitation, Béatrice le ramasse et s’enfuit.
Qui y-a-t-il dans le cabas rouge ? On n’en dit rien de plus car Mertens a eu l’idée, la bonne pour offrir à Béatrice un nouveau destin. Elle va se transformer en détective le petit chaperon rouge, subtile et perspicace dans la grande ville qui mue. Au café Faust, le diable serait-il le sosie de Cary Grant ? Et la vie un éternel recommencement ? A vous de voir, avec cet album qui est vraiment un bonheur simple, clair, de narration bourré de talent.
Béatrice, Rue de Sèvres, 19 €
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